Login
Menu et informations
LATREILLE, Anne, épouse GELIN (1743-1822)

LATREILLE, Anne, épouse GELIN (1743-1822)

État civil
NOM : LATREILLE     Prénom(s) : Anne     Sexe : F
Complément de nom : épouse GELIN
Autre(s) forme(s) du nom : LA TREILLE
GESLIN
GELLIN
Date(s) : 1743-11-26   / 1822-7-4 
Notes biographiques

"Madame GELIN", née Anne LATREILLE, est en 1790 l'organiste de l'une des paroisses de Dijon, Saint-Nicolas. Elle y exerce depuis près de trente ans, pour les médiocres appointements de 150 livres. Avec la jeune Anne TILLET et  Antoinette DUPLUS-CAMUS, ou encore Bernarde BOILLOT, Huberte BIDAUT et Thérèse BRENET, elle est l'une des quelques femmes organistes actives à une tribune en 1790 que compte le corpus 'côte-d'orien'.

• 26 novembre 1743, Dijon : Née le jour même, Anne LATREILLE est baptisée dans l'église paroissiale Notre-Dame. Elle est fille de Benigne Latreille, marchand fripier en cette ville, et de Françoise Belime (parfois Beline), son épouse. Elle reçoit pour parrain son ayeul paternel, Pierrre Latreille, maitre vinaigrier, et pour marraine son ayeule maternelle, Anne Guyot, "femme de maitre Denis Beline, huissier à la chancellerie près le parlement de Dijon". Tous deux savent signer, avec quelque difficulté. Le père de l'enfant fait de même, avec davantage d'aisance.
Ainsi se trouve esquissé le milieu familial dans lequel grandit Anne LATREILLE. Son père, sans doute débrouillard et avisé, passe de la friperie au commerce du vin. Comment et avec qui apprend-elle à toucher l'orgue ?

• 24 juin 1760, Dijon : L'organiste de la paroisse Saint-Nicolas, Jacques BELIN, aurait postulé à l'orgue de Notre-Dame. Fâchés de cette trahison, les fabriciens de St-Nicolas prévoient de le licencier dès la fin de son année de bail restant. Cette candidature à Notre-Dame est-elle réelle, ou s'agit-il d'une rumeur utilisée par les fabriciens qui souhaitent se débarrasser de cet organiste ? Toujours est-il qu'elle précipite le renvoi de BELIN. L'orgue de Notre-Dame est alors occupé depuis 1757 par la jeune Antoinette DUPLUS, qui y restera jusqu'à la Révolution...

• 6 janvier 1761 : Delaloge, l'un des responsables de la fabrique de Saint-Nicolas, rédige un court billet encore conservé dans le registre de la fabrique. Il relance le sujet du licenciement de l'organiste BELIN envisagé six mois plus tôt : "Je suis davis que la deliberation prise en dernier lieu concernant l’organiste ait son effet, et qu’en consequence la nommee La Treille soit recüe aprés avoir eté prealablement entendüe et trouvee capable".
Peu après, à une date qui reste à préciser, la fabrique engage mademoiselle LATREILLE comme organiste de l'église Saint-Nicolas.

• 11 février 1766, Dijon : Dans l'église collégiale et paroissiale Saint-Jean de Dijon est célébré le mariage d'Anne LATREILLE avec Jean-Baptiste Gelin, perruquier à Dijon. Le marié est fils majeur d'un "bourgeois de Montigny-sur-Vingeanne, diocèse de Langres". On remarque que les deux mères des mariés portent le patronyme de Belime. Probablement cousins éloignés, les deux époux ont obtenu une dispense "pour le degré de parenté", sans plus de précision. Aucun métier n'est indiqué pour la mariée. On devine que la famille Gelin avait quelques liens avec les milieux musicaux dijonnais : par exemple, les deux sœurs de Jean-Baptiste, Anne-Françoise et Barbe-Claudine Gelin avaient été successivement marraines, l'une le 12 avril 1755  et l'autre le 8 juillet 1756 des 12ème et 13ème enfants de Claude-Anatoile CHAUVEREICHE, musicien de la Sainte-Chapelle.
• 11 novembre 1766 : Neuf mois jour pour jour après les noces, Anne LATREILLE donne le jour à une fille, Françoise, baptisée le lendemain dans l'église Saint-Nicolas. Son parrain est François Belime, "argentier des enfants de France demeurant à Versailles", représenté par un garçon perruquier dijonnais. Cet oncle maternel de Jean-Baptiste Gelin avait déjà été parrain, trente ans plus tôt, d'une des sœurs de Jean-Baptiste, Anne-Françoise, née à Montigny-sur-Vingeanne le 8 novembre 1735. Il était alors dit "Trésorier de Mme la Duchesse de Ventadour et valet de chambre de madame Troisième de France".
Aucun baptême postérieur n'a été repéré dans les tables alphabétiques dijonnaises.

• 1769, Dijon : L'orgue de leur église étant vétuste, les fabriciens le font examiner par LECLERC, organiste de la cathédrale. Ayant "reconnu que laditte orgue n’était pas susceptible de réparations et qu’elle demandait d’être refaitte à neuf en entier", ils  font marché avec RABINY "facteur d’orgues demeurant à Langres", pour en construire un neuf. On peut supposer que durant le chantier, Anne LATREILLE-GELIN n'était plus employée par la paroisse.

• Avril 1773, Dijon : L'orgue construit par RABINY pour la paroisse Saint-Nicolas semble être terminé et en état de fonctionner. Il est visité et expertisé par LECLERC, "organiste de l’église de Dijon" (c'est-à-dire de la cathédrale). L'organiste a pu alors reprendre son service.

• 19 mai 1776 : Une nouvelle visite de l'orgue est réclamée par Rabiny. Cette fois l’expert nommé est "Monsieur LAUXERROIS, organiste à Dijon". Un souffleur d’orgue, Beursot, est rémunéré.

• 27 juillet 1781, Dijon : Conjointement avec le sieur "organiste de St-Jean" Joseph PARIN, "la demoiselle GELIN, organiste de l'église St-Nicolas" est chargée par les fabriciens de visiter l’orgue construit par le facteur RABINY, afin de parvenir à sa réception définitive. Le 19 août suivant, lorsque l'orgue est officiellement reçu, seul le rapport de PARIN est mentionné dans la délibération des fabriciens. Anne LATREILLE-GELIN est retombée dans l'invisibilité.

• 1783, Dijon : Madame GELIN, organiste de la paroisse St-Nicolas, touche 150 livres par an, la moitié au 1er février, l'autre moitié au 1er août. Le facteur RABINY assure l'entretien de son orgue.

1790, Dijon : Madame GELIN est toujours organiste de St-Nicolas et reçoit toujours 150 livres / an. L'entretien de l'orgue est maintenant assuré par le facteur LABOREY. Le souffleur est toujours le sieur Beursot, qui reçoit 20 livres par an.

• 1er février 1791, Dijon : Telle est la date de l'échéance du dernier semestre de gages reçu par Mme GELIN. Après quoi... elle disparaît des archives. On ne retrouve sa trace que beaucoup plus tard, à l'occasion de son décès.

• • •

• 1er février 1802, Talant : Dans ce village tout proche de Dijon, meurt Jean-Baptiste Gelin, propriétaire. La famille semble avoir quitté la ville pour s'installer là, peut-être à proximité des vignes par elle possédées ?

• 4 juillet 1822, Talant : Dans l'après midi, le jeune instituteur du village et un tonnelier vont à la mairie déclarer le décès "en son domicile au dit Talant", à deux heures "du soir" [c'est-à-dire de l'après-midi], de la veuve de Jean-Baptiste Gelin, "en son vivant propriétaire à Talant", Anne LATREILLE, âgée de 78 ans.

Mise à jour : 28 juin 2018

Sources
F-Ad21/ BMS Notre-Dame de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Jean de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Nicolas de Dijon en ligne ; F-Ad21/ G sup 27-1 ; F-Ad21/ G sup 27-2 ; F-Ad21/ NMD Talant en ligne ; F-BmDijon/ Ms 1818

<<<< retour <<<<