HUS DESFORGES, Louis, (père) (ca 1743-1823)

     Membre d'une immense famille qui sur plusieurs générations est active à travers la France et l'Europe dans les domaines du théâtre, de la danse et de la musique, Louis (parfois Pierre-Louis) HUS DESFORGES devient lui aussi musicien. Une première moitié de vie, marquée par l'itinérance, le voit faire des allers-retours entre le nord et le sud du royaume, d'Amiens à Toulon. Il se stabilise ensuite à La Rochelle avec une partie de sa descendance. Toujours dit "musicien", ou "professeur de musique", il tisse des liens avec les musiciens d'Église locaux, en particulier le maître de musique de la cathédrale.

• [1743 ou 1745], Grenoble :  De nombreux documents le concernant le disent originaire de Grenoble "en Dauphiné". Certains généalogistes avancent la date du 16 décembre 1745. L'âge (sans doute arrondi) indiqué à son décès amènerait plutôt vers une naissance en 1743. Son acte de baptême reste à retrouver.

• De [1745] à 1770 : Les vingt-cinq premières années de sa vie sont encore à éclairer...

• 4 décembre 1770, Amiens [Somme] : Paroisse Saint-Firmin-en-Castillon, le curé Guérard baptise une petite Marie-Anne-Louise-Catherine, "fille naturelle née le même jour, de sieur Louis HUS DESFORGES, musicien, et de Anne Jarnovicki". Après avoir écrit cela, il se reprend, raye le nom d'abord déclaré pour la mère et le remplace en renvoi par un prénom complémentaire, Marie, et par le vrai patronyme de la demoiselle, Marchand.
     En effet, dans plusieurs actes ultérieurs Anne-Marie Marchand sera nommée Anne Gernovick / Jarnovick, peut-être par référence au compositeur et violoniste virtuose Jarnowick (1747-1804) auquel elle souhaitait se dire apparentée. Louis-Gabriel Michaud (Biographie universelle, ancienne et moderne…, 1840) accrédite cette prétention en écrivant qu'elle était "une fille du célèbre violoniste Jarnowick". Selon David Morris ("The daughters of Jarnovic : a preliminary note", Arti Musices, t. 35/1, Zagreb, 2004), cette parenté avec Jarnowick relève de la légende.
     De même, si cette première fille est clairement considérée comme née hors mariage, lors des baptêmes des enfants suivants, Anne-Marie Marchand est dite "épouse" de Louis HUS DESFORGES, alors que ce n'est probablement pas vrai. Certains généalogistes donnent la date du 12 mai 1772 pour leur mariage, sans le localiser. On trouve aussi celle du 27 juin 1773 à Cadix, en Espagne, où un frère Hus-Desforges dirige alors la troupe théâtrale française.

• 20 novembre 1771, Toulon [Var] : Le couple a traversé la France d'Amiens à Toulon (soit plus de 900 km en ligne droite, mais ils ont certainement fait des escales et des détours, au gré des concerts organisés). Moins d'un an après la première fille, naît Rose-Adélaïde, baptisée le même jour à Saint-Louis de Toulon. Le père, Louis HUS DESFORGES, est dit "musicien", et Anne Marchand est dite "son épouse". Cette assertion est probablement erronée. On peut supposer que le couple a été attiré dans la ville par l'ouverture du théâtre en 1770.

• 24 mars 1773, Toulon : Louis HUS DESFORGES, "musicien", et Anne "Marchand, son épouse, de cette paroisse" (Saint-Louis) ont un fils, baptisé le même jour et prénommé Pierre-Louis. Le père de l'enfant confirme son identité professionnelle en signant "L.hus Desforges musicien".

• 10 septembre 1774, Cadix (Espagne) : Lors de son mariage à La Rochelle en 1794, Marie-Anne Hus Desforges fournit son acte de baptême, qui la dit "née le 10 septembre 1774 à Cadiz". C'est une preuve de la présence de Louis HUS DESFORGES et d'Anne-Marie Marchand à Cadix, et cela renforce la possibilité (voire la probabilité) qu'ils s'y soient mariés.

• [Octobre] 1774 à 1776, Toulon : Le couple HUS-DESFORGES dirigerait le théâtre de Toulon, qui avait ouvert ses portes en 1770. A.-J. Parès (Le Théâtre à Toulon durant la Révolution… p. 15) indique la date de juillet 1774 comme début de cette fonction, mais on vient de voir qu'en septembre 1774 la famille est à Cadix. Cette information sur le retour à Toulon demande donc à être vérifiée. Par ailleurs, y a-t-il eu d'autres naissances durant ce séjour toulonnais ?
 Puis la famille traverse à nouveau la France, du sud au nord cette fois, et on les retrouve à Saint-Quentin, à 890 km de Toulon...

•  14 octobre 1777, Saint-Quentin [Aisne] : Louis HUS DESFORGES, "musicien, de Grenoble, paroisse Notre-Dame", est le parrain d'un fils d'Armand-Antoine-Edme MORIN, "marchand, de la ville de Paris, paroisse Saint-Sulpice" [on le connaît par ailleurs comme musicien], et de Marie-Agathe Déligny, "son épouse suivant leur déclaration, de présent sur cette paroisse". La marraine est Marie-Catherine Brochard, "bourgeoise de Bordeaux, paroisse Saint-André, tous deux actuellement sur cette paroisse".
     Le curé Cartier commet une approximation sur la paroisse d'origine du parrain puisqu'il n'existe pas de paroisse Notre-Dame à Grenoble (c'est le vocable de la cathédrale). Les formules "de présent sur cette paroisse" et "tous deux actuellement sur cette paroisse" utilisées par le curé indiquent bien que ces gens ne sont pas ses paroissiens habituels, mais sans doute des ambulants de passage. De même, le statut conjugal des parents de l'enfant baptisé n'est à ses yeux pas tout à fait certain : "son épouse suivant leur déclaration"...

• 23 juillet 1778, Amiens : Un autre fils des HUS-DESFORGES / Marchand, prénommé Louis-Corneille, naît à Amiens, paroisse Saint-Firmin-en-Castillon. Les parrain et marraine officiels, le sieur Louis-Armand Belval, "horloger en la ville de Paris", et  delle Marie-Agathe de Sigui, sa femme, pourraient eux aussi appartenir au monde des ambulants. Ceux qui les représentent, en revanche, sont bien intégrés dans la ville par leurs métiers de maître tailleur d’habits et de maîtresse couturière. Le père de l'enfant, le sieur Louis HUS DESFORGES, est dit "musicien, originaire de Grenoble en Dauphiné".

• [Date à préciser, entre fin 1778 et début 1781] : La famille HUS-DESFORGES s'installe à La Rochelle.

• 2 avril 1781, La Rochelle : En l'église Saint-Jean-du-Pérot est baptisée Marguerite, née le même jour, fille légitime du sieur Louis HUS DESFORGES, musicien, et de dlle Anne-Marie Marchand son épouse. Les parrain et marraine, sur lesquels rien n'est précisé, signent aux côtés du père, lequel n'utilise ici que la seconde partie de son patronyme ("Louis Desforges").
• [1781] : Son fils Pierre-Louis devient enfant de chœur de la cathédrale de La Rochelle à l'âge de huit ans, et "il y reçut les premiers éléments de la musique", d'après Louis-Gabriel Michaud (Biographie universelle, ancienne et moderne…, 1840). Le maître de musique de la cathédrale est alors Marc-Antoine CROUZET.

• 27 avril 1782, La Rochelle : Un fils, prénommé Antoine, né le jour précédent toujours à Saint-Jean-du-Pérot, est présenté sur les fonts baptismaux de l'église paroissiale par le sieur Antoine Pavageau et la delle Élisabeth Pavageau, qui restent à identifier. Le père, présent à la cérémonie, signe cette fois "L. hus Desforges", comme c'est généralement le cas. À ses côtés signe une certaine "catrine hus des forges", qui est probablement la fille aînée née à Amiens en décembre 1770. Elle a onze ans et demi.

• 5 avril 1785, La Rochelle : En l'église Saint-Barthélemy est célébré le mariage de sa fille Marie-Anne-Louise-Catherine, "âgée d'environ 15 ans" [en réalité : 14 ans et quatre mois puisqu'elle est née le 4 décembre 1770 à Amiens], avec le sieur Jean-Baptiste PICARD, musicien, qui a 34 ans. Louis HUS DESFORGES, "musicien", et dlle Anne-Marie Marchand, son épouse, sont présents et consentants. Il signe "Hus Desforges Père", et son épouse signe "fame hus Desforges". Parmi les témoins, on remarque Gaspard-Marc-Antoine CROUZET, le maître de musique de la cathédrale. Sa présence illustre les passerelles existantes entre musique profane et musique d'Église... Les autres témoins sont deux maitres d'écriture et un marchand fourbisseur.

• 1^er janvier 1786, La Rochelle : Neuf mois (moins quelques jours) après les noces, Louis HUS DESFORGES, "musicien, ayeul maternel de l'enfant", est le parrain d'Anne-Marie Picard, baptisée à Saint-Barthélémy, première née de sa fille Marie-Anne-Louise-Catherine et de Jean-Baptiste PICARD, musicien. La marraine est demoiselle Anne-Marie Marchand, "aussi ayeule maternelle du dit enfant". La marraine de l'enfant suivant, le 28 août 1787, sera la dlle Marie Hus Desforges, "tante maternelle de l'enfant", donc une sœur de Marie-Anne-Louise-Catherine, probablement Marie-Anne, née à Cadix en 1774. Elle a 11 ans et trois mois.

• 9 décembre 1788, La Rochelle : HUS DESFORGES assiste à l'inhumation de Marie-Anne Lafond, épouse du sieur Gaspard-Marc-Antoine CROUZET, maître de musique à la cathédrale. Sont également témoins à la cérémonie, et signataires de l'acte SAUTEREAU et PICARD. Ces présences confirment la perméabilité des milieux musicaux les uns aux autres : des liens existent entre musiciens d'Église et musiciens profanes.

• 22 thermidor an II (9 août 1794), La Rochelle : Louis HUS DESFORGES, "musicien", et Anne-Marie Marchand assistent au mariage de leur fille Marie-Anne, âgée de 19 ans et onze mois, née le 10 septembre 1774 à Cadix, avec un Rochelais, Pierre Vatel, lieutenant de vaisseaux âgé de 28 ans et demi, fils d'un marchand liquoriste. Les parents de la mariée signent "hus Desforges" et "famme des forges née marchan".
• 11 nivôse an III (31 décembre 1794), Assay (Indre-et-Loire) : Lorsque son fils Pierre-Louis HUS DESFORGES, alors "maître de musique militaire au quatorzième régiment de chasseurs à cheval en station à Chinon", se marie à Assay, Louis HUS DESFORGES, est dit "marchand et musicien", unique trace de pluri-activité le concernant. Son épouse, ici nommée Anne Gernovick, est dite "marchande" [peut-être par confusion avec son patronyme véritable, Marchand].

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• 8 février 1823, La Rochelle : Louis HUS-DESFORGES, professeur de musique, s'éteint à onze heures du soir "rue et canton de La Vache, où il était domicilié". L'acte de décès établi le lendemain le dit âgé de 80 ans et né à Grenoble, fils de Barthélémy HUS DESFORGES.

Mise à jour : 15 novembre 2021