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GUILLEMINOT DUGUÉ, Jean-Baptiste François (1727-1804 av.)
Autre(s) forme(s) du nom : DUGUET
DU GUÉ
DUGAY
Date(s) : 1727-9-14 / 1804-4-29 av.
Né à Versailles au cœur du système aulique auquel il est attaché par son père et son grand-père maternel, Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ entame une carrière de maître de musique au service des cathédrales de Blois (1749-1750) et de Noyon (1755-1759 au moins) après avoir été formé entre 1736 et 1747 à Notre-Dame de Paris sous les auspices de Louis HOMET. Dès 1755, un motet de sa composition est chanté à la messe du Roi. On le réclame à Tours mais c'est à Paris qu'il veut se distinguer. Il officie à Saint-Germain-l’Auxerrois de 1763 à sa nomination à Notre-Dame sept ans plus tard. Ces années sont marquées par une très grande activité créatrice et par l’éclatant succès rencontré auprès du public, en particulier au Concert spirituel, abondamment relayé par la presse parisienne. Si ses interventions extérieures semblent se restreindre progressivement après 1770, il continue de composer pour le chapitre de Notre-Dame mais aussi pour la Maison royale de Saint-Cyr avec laquelle il semble avoir tissé des liens profonds et continus.
Ayant opté pour la carrière bénéficiale dès 1771, il reçoit l'ordination sacerdotale et devient à la veille de la Révolution chanoine-prêtre de la collégiale Saint-Denis-du-Pas. La notoriété et le prestige de "l'abbé DUGUÉ" en font une personnalité incontournable de l'univers musical parisien voire à l'échelle du royaume. De nombreuses compagnies capitulaires lui demandent aide et conseils pour le choix de musiciens et lui-même place ses protégés, souvent d'anciens enfants de chœur.
Fatigué et malade, il se démet en 1786, prêt à attendre paisiblement au sein de l'enclos capitulaire l'expectative d'une chanoinie de Saint-Aignan, bénéfice le plus élevé et rémunérateur réservé aux anciens musiciens de la cathédrale. Toutefois, l'échec de son successeur, le fougueux Jean-François LESUEUR, et les refus répétés des autres maîtres de renom de venir prendre sa place, forcent le chapitre à tirer l'abbé DUGUÉ de sa retraite. Dans la nouvelle organisation tripartite mise en place, le soin des enfants qui est un travail épuisant est confié à d'autres ; GUILLEMINOT-DUGUÉ est chargé de donner la musique au chœur et de battre la mesure, ce qu'il fait jusqu'en 1790. Il quitte ensuite Paris.
On retrouve sa trace à Tournus, en Bourgogne, à la fin de 1792. Il figure régulièrement sur les listes de pensionnaires ecclésiastiques du département de Saône-et-Loire jusqu'à la fin de 1797, et est quelque temps incarcéré durant la Terreur. Puis c'est le silence. C’est l'un des mystères qui continuent d'entourer l'existence et la carrière d'un musicien qui a consacré toutes ses forces à la musique, dont il reste encore aujourd'hui de nombreuses partitions, prêtes à reprendre vie.
• 14 septembre 1727, Versailles : Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ voit le jour et reçoit le baptême en la paroisse Notre-Dame. Il est le fils de Jean-Baptiste, valet de chambre (1725), officier (1730) du grand prévôt de France, le marquis de Sourches, et de Marie Élisabeth Borel-Miracle. Son parrain est Jean-Louis Rouchet, officier de marine, sa marraine Jeanne-Françoise Pottier, fille du chef de bureau de la Marine, tous deux alors à Fontainebleau donc absents au baptême et représentés.
Par sa mère, l'enfant descend d'une famille de musiciens. Son grand-père, Jean BOREL de MIRACLE, est "ordinaire de la Musique du Roy" et mourra l'année suivante à Versailles. Recruté dans le Languedoc, il avait fait partie de la troupe de Perrin et CAMBERT et chanté comme taille en 1671 dans Pomone, l'opéra de CAMBERT puis dans Cadmus et Hermione de LULLY.
• 4 mai 1736, Paris : Le jeune Jean-Baptiste François est reçu enfant de chœur à la cathédrale Notre-Dame le même jour que Pierre Guy HUGAR. Ils remplacent à la fois le spé Antoine GOULET qui vient de quitter la maîtrise et l'enfant Pierre AUBEROIN qui vient de recevoir une bourse au collège de Fortet. Pendant ses onze années de service, DUGUÉ est formé sous les auspices du maître de musique Louis HOMET.
• 2 mai 1743, Paris : Le jeune DUGUÉ, alors "cinquième enfant de chœur" est interrogé par le bailli de la justice capitulaire dans le cadre de l'enquête menée à la suite du vol d'une partie de l'argent [200 livres, fruit des libéralités des jours gras et de Pâques] des enfants de chœur à la maîtrise.Dans sa déposition, il raconte avoir entendu le voleur ouvrir doucement la porte du dortoir vers quatre heures du matin et rappelle que le "bruit public" accuse l'ancien enfant de chœur Claude HERMANT DE SAINT-BENOÎT, renvoyé au mois d'août précédent car il ne cessait de sortir la nuit pour aller se baigner et se vanter de passer à l'envi par le soupirail de la cave. Jean-Baptiste dépose aux côté de son maître Louis HOMET, du spé Pierre Guy HUGARD et de quatre autres camarades de la maîtrise : CUGNIER, MARTINET, LOYAUTÉ et MONGEAUX.
• 31 janvier 1747, Paris : Son frère Guillaume se marie paroisse Saint-Côme avec Marie Anne Larcher.
• 9 septembre 1747, Paris : Devenu à son tour spé des enfants de chœur, c'est-à-dire le plus ancien, et parvenu au terme de son temps, Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ reçoit du chapitre l’autorisation de sortir de la maîtrise. Il reçoit la gratification habituelle de 300 livres et les chanoines l'admettent comme choriste ("ad pannos") afin de venir renforcer l'effectif musical dans les basses stalles aux grandes solennités.
• 5 mars 1749, Blois [Loir-et-Cher actuel] : À cette date figure la première mention dans le registre capitulaire de DUGUÉ comme maître de musique de la cathédrale Saint-Louis. Les chanoines lui accordent des avantages en nature et une participation financière au repas qu"il doit offrir aux "confrères", sans doute une des obligations liées à son arrivée. L'acte de réception n'apparaît pas dans le registre mais son prédécesseur, GARNIER, semble être parti sans autorisation de la compagnie. La dernière mention de ce dernier se trouve à la date du 7 juillet 1748.
• 9 janvier 1750, Blois : Le chapitre accorde à DUGUÉ douze livres par semaine de gages, 200 livres en 4 muids de blé pour la maîtrise, 426 livres par le syndic.
• 17 avril 1750, Blois : "Maître" Jean-Baptiste DUGUÉ, clerc du diocèse de Paris, reçoit des chanoines de la cathédrale la collation de la chapelle Saint-Eustache, vacante par la démission d'Henri Larivée. Il promet "de résider sans défaut, d'assister aux heures canoniales, de remplir les devoirs de maître de musique".
• 24 novembre 1750, Blois : Au chapitre général, sa chapelle est déclarée vacante suite à son absence. Le jeune homme semble avoir quitté la ville de manière précipitée ; visiblement la place ne lui convenait pas. Le 23 décembre suivant, les chanoines écrivent au maître de musique de la cathédrale de Beauvais, Joseph François CHEVALIER, afin qu'il accepte de prendre le poste délaissé par GUILLEMINOT-DUGUÉ.
• Date inconnue, Noyon [Oise] : Jean-Baptiste GUILLEMINOT-DUGUÉ accepte la place de maître de musique de la cathédrale Notre-Dame mais la perte des registres capitulaire de cette période empêche d'affiner la date de son arrivée en Picardie. Arrive-t-il directement de Blois, après avoir été en contact épistolaire et avoir reçu des assurances ou bien a-t-il été recommandé par un quelconque bienfaiteur, son ancien maître HOMET par exemple ?
• 28 et 29 juillet 1755, Compiègne : "Pendant la Messe de leurs Majestés, le sieur Dugué, maître de musique de la cathédrale de Noyon fait chanter le pseaume Exultate Deo, motet de sa composition". Nous ne savons pas si c'est la première fois que Jean-Baptiste François compose ainsi pour la Cour mais indubitablement, cet honneur confirme tout à la fois son talent, ses puissants réseaux de protection et de recommandation et accentue encore la valeur de notre musicien dans le petit monde des maîtres de musique. Tout laisse à penser que l'abbé ne cherche pas à finir sa carrière à Noyon.
• 1er au 31 décembre 1755, Tours : On retrouve dans les registres capitulaires de la collégiale Saint-Martin des échos de la correspondance échangée entre les chanoines et l'abbé DUGUÉ qui est toujours en poste à Noyon. Ils lui proposent la direction de leur psallette sur les conseils d'Abel François FANTON, sommité musicale de l'époque, alors maître de musique à la Sainte-Chapelle de Paris. Le 18, Jean-Baptiste DUGUÉ demande des précisions quant aux avantages du poste. Le chapitre est prêt à augmenter de 500 livres les gages annuels promis (dont 300 livres sous forme d'un bail à ferme de vignes). Il ne donne pas suite, non parce que cette place est indigne, la collégiale tourangelle est la plus riche du royaume, mais parce cela semble l'écarter du plan de carrière parisien qu'il s'est déjà fixé.
• 7 novembre 1757, Rouen : Le mariage de Nicolas Guilleminot-Dugué, son frère, avec Marie-Madeleine Gromont, d'origine parisienne, est célébré en l'église paroissiale Saint-Vincent. Le tuteur du jeune homme, encore mineur, est un certain maître Guilleminot-Dugué, curé de la paroisse de Clastres [entre février 1757 et juin 1772] au diocèse de Noyon. Ce dernier signe une procuration autorisant un troisième frère, Guillaume, à le représenter au mariage. Le marié, Nicolas Guilleminot-Dugué, est très probablement la fameuse basse-taille qui fit carrière à l'Opéra et chanta en Russie devant Catherine II.
• 19 octobre 1759, Noyon : Jean-Baptiste DUGUÉ, titulaire de la chapelle de Saint-Thomas le Martyr et maître de musique de la cathédrale, signe un bail à ferme des dîmes de la paroisse de Marest.
• 18 juin 1760, Paris : L'Académie royale des sciences organise des cérémonies religieuses, notamment une messe pour la Saint-Louis le 25 août en commun avec l'Académie des inscriptions et belles-lettres. L'Académie des sciences a en charge la nomination du maître de musique. Elle nomme GUILLEMINOT DU GUÉ comme maître de musique de la cérémonie qui succède à René DROUARD DE BOUSSET (appelé DUBOUSSET).
• 25 février 1761-[juin 1770], Paris : M. L'abbé DU GUAY est nommé maître de musique de Saint-Germain l'Auxerrois à la pluralité des voix, poste qu'il occupe jusqu'à 1770 environ.
• 9 juin 1761, Noyon : Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ a déjà quitté son poste picard. Son successeur, François Nicolas HOMET, qui n'est autre que le neveu de son ancien maître à Notre-Dame de Paris, lui a déjà succédé comme le prouve sa signature dans le nécrologe de la cathédrale.
• 1763, Paris : Grâce à l'État ou Tableau de la ville de Paris, c'est la première fois qu'on peut attester la présence de l'abbé DUGUÉ à la tête de la maîtrise de l'église royale et paroissiale Saint-Germain-L'Auxerrois. Il demeure alors "rue des Fossé S. Germ. l’Auxerrois" et fait également partie des "maîtres de musique vocale françoise" qui enseignent dans la capitale.
• 1765, Paris : Une ariette mise en musique par DUGUÉ est publiée chez Fournier le jeune. Intitulée "Charmante lyre, organe de mon âme" (sept pages), sa partition est à la BnF.
• 25 août 1765, Paris : La fête de saint Louis "fut célébrée par l'Académie Royale des Inscriptions & Belles Lettres et par celle des Sciences, dans l'Eglise des Prêtres de l'Oratoire : l'Abbé de Gourcy prononça le Panégyrique du Saint. On exécuta aussi un Motet de la composition du sieur Dugué, Maître de Musique de l'Eglise Royale & Paroissiale de Saint Germain-l'Auxerrois".
• Février 1766, Paris : L'Avant-Coureur souligne ses talents de compositeur à l'occasion des services qui sont célébrés à travers toute la ville pour le repos de l'âme du Dauphin qui vient de mourir. "Il a fait executer dans différents jours & différens lieux une Messe dont il est l’auteur & qui est marquée au coin de la science & du talent. Sa Musique est dans le caractère propre au genre & au sujet. Sa prose, déjà connue, a fait une impression toute nouvelle. On en a généralement admiré la belle & juste expression. Le Tuba Mirum spargens sonum, chanté par mr Le Gros, et surtout un tableau frappant ; l’oreille et l’ame en sont également saisies. M. Gélin, à qui les morceaux énergiques & terribles semblent spécialement appartenir, s’est extrêmement distingué dans ces occasions. Une chose dont on doit sçavoir beaucoup de gré au Musicien, c’est d’avoir inséré dans cette Musique des cors-de-chasse. Ils y ont produit un très bon effet". Le succès de l'abbé DUGUÉ s'explique aussi par l'immense talent des deux chanteurs, la haute-contre Joseph LEGROS qui débute et la basse-taille Nicolas GÉLIN, alors au faîte de sa carrière. Ces deux solistes permettent de se faire une idée du poids acquis par notre compositeur dans l'univers musical parisien.
• Avril 1766, Paris : La notoriété est amplifiée grâce aux représentations données au château des Tuileries dans le cadre du Concert spirituel. Cette fois-ci, c'est le Mercure de France qui salue les débuts de l'abbé devant un public exigeant : "Le lundi [de la Semaine Sainte], on exécuta pour la première fois le Diligam Te Domine de M. L'abbé Du Gué, Maitre de Musique de Saint Germain-l'Auxerrois. Ce morceau est d'une très grande manière ; il offre des tableaux frappans & d'heureux détails". Ce "Concert finit par Diligam te Domine, nouveau Motet à grand chœur de M. l'Abbé Dugué, Maître de Musique de Saint Germain l'Auxerrois. C'est le premier ouvrage qu'il ait fait entendre au Concert, & il a lieu d'ètre satisfait de l'accueil du public, dont les suffrages, & même la critique, doivent encourager les hommes qui ont vraiment du talent. Ce Motet, dans lequel l'Auteur a peut-être trop cherché à faire preuve de science, n'en est pas moins pour cela un ouvrage de mérite, & qui lui fait véritablement honneur".
• 29 mai 1766, Paris : Au Concert spirituel, ce "jour de la Fête-Dieu, a commencé par Exultate Deo, nouveau Motet a grand chœur de M. l'Abbé Dugué, [...]. Il fut généralement applaudi, & mérite de l'être par les beautés réelles, variées et multipliées qu'il renferme. On y trouve la science unie au goût" (L'Avant-Coureur).
• 4 septembre 1766, Paris : Les "Annonces, affiches et avis divers" précisent dans leur numéro 70 que le Concert Spirituel du jour de la Nativité de la Vierge "finira par Exultate Deo, &. Motet à grand chœur de M. l'Abbé Dugué, Maître de Musique de l'église royale de S.Germain-l'Auxerrois".
• 30 octobre 1766, Paris : "Le Concert finira par Die irae &, nouveau Motet à grand chœur de M. l'Abbé Dugué, Maître de Musique de l'église royale de S.Germain-l'Auxerrois" peut-on lire encore dans le numéro 85 des "Annonces, affiches et avis divers" qui présentent le programme du Concert Spirituel du jour de la Toussaint.
• 31 août 1767, Paris : DUGUÉ reçoit la permission du chapitre de Notre-Dame de faire chanter en musique la messe solennelle pour le repos de l’âme de la Dauphine, qui sera célébrée dans la cathédrale. Le 4 septembre suivant, il est précisé dans le registre capitulaire qu'"on a chanté la messe de la composition du sr Dugué maitre de musique de st Germain l'auxerrois et ancien enfant de chœur".
• 28 novembre 1767, Tours : Le chapitre de la collégiale Saint-Martin lui écrit pour lui demander de lui procurer un nouveau maître de musique. Jean-Baptiste GUILLEMINOT-DUGUÉ est sollicité par plusieurs compagnies de chanoines, soit par voie épistolaire, soit parfois par l'entremise des commissaires qu'elles entretiennent dans la capitale pour leurs affaires. C'est la rançon du succès et chacun fait appel à son jugement sûr. Ainsi, il peut placer certains de ses élèves ou ceux dont il a entendu parler par l'entremise d'autres maîtres, voire des gazettes. L'abbé, en ce domaine, symbolise bien la plaque-tournante de l'information qu'est la capitale à l'échelle d'un vaste bassin parisien, voire à l'échelle du royaume.
• 24 décembre 1767, Paris : Au Concert Spirituel, "Mlle Lafond a fait le plus grand plaisir par la manière dont elle a chanté, en s'accompagnant de la harpe, Bonum est, & nouveau motet à voix seule de M. l'Abbé du Gué, Maître de Musique de l'Eglise S. Germain l'Auxerrois" (Mercure de France).
• 31 mai 1768, Tours : Les chanoines de Saint-Martin, déçus par SAVARD, offrent le poste de maître de musique à DUGUÉ. Le registre capitulaire le mentionne comme effectivement en poste mais sans doute en raison d'un malentendu.
• 11 juillet 1768, Paris : "Depuis le premier de ce mois on a fait successivement dans les Eglises de Paris, des services solemnels pour le repos de l'ame de la Reine [morte le 24 juin précédent]. [...] Le 11 il en fut célébré un pareil dans l'Eglise Royale et Paroissiale de Saint Germain l'Auxerrois ; la représentation étoit au milieu du chœur sous un lit de parade que l'Eglise tient de la libéralité d'Anne d'Autriche. La musique de la Messe qui fut chantée étoit de la composition de l'Abbé DUGUÉ. Huit prisonniers rachetés par la Paroisse y assisterent avec un cierge a la main".
• 15 Août 1768, Paris : Au Concert Spirituel, "...M. l’abbé Durais, basse-taille ordinaire de la musique de St Germain-l’Auxerrois, a chanté avec succès, Cœli enarrant, &c., nouveau motet à voix seule de M. l’abbé Dugué, maître de musique de la même église ».
• 14 septembre 1768, Tours : Lecture en chapitre de la lettre dans laquelle DUGUÉ refuse la place proposée mais où il avance le nom du jeune Adrien Quentin BUÉE qui sera finalement retenu. En refusant pour la seconde fois le poste à Saint-Martin, DUGUÉ était déjà sans doute dans l'expectative de celui de l'abbé Denis DEMONGEOT à Notre-Dame.
• 20 juin 1770, Paris : À la suite de la démission de l'abbé DEMONGEOT du poste de maître de musique de la cathédrale Notre-Dame, le 18 juin, le chapitre charge les intendants de la maîtrise de rechercher un nouveau maître qui soit à la fois capable du point de vue de ses compétences musicales et de bonnes vie et mœurs.
• 25 juin 1770, Paris : Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ est nommé maître de musique de la cathédrale Notre-Dame. Le même jour, il rédige l'approbation demandée par l'abbé OUDOUX, auteur d'une méthode nouvelle pour apprendre facilement le plain-chant : "Je Certifie avoir examiné attentivement la Méthode Nouvelle du Plain-Chant, par Demandes & Réponses, de M. Abbé OuDoux ; je la trouve aussi parfaitement raisonnée qu'utile pour faciliter la belle exécution du Plain-Chant". L'auteur est musicien à la cathédrale de Noyon.
• 22 août 1770, Paris : Les chanoines permettent à DUGUÉ de faire chanter la musique composée par Antoine GOULET, un ancien maître de musique le jour de la fête de saint Louis.
• 25 décembre 1770, Paris : Au Concert Spirituel, " [...] M. DUREY [DURAIS] de la Musique du Roi a chanté un petit motet de M. l'Abbé DUGUÉ, très-agréable. M. DUREY a une fort belle basse-taille ; elle est sonore, facile & il a une bonne manière de chanter [...]" (Journal de Musique).
• 1770, Paris : La BnF conserve la partition de 76 pages de la "Messe à Grand chœur & Symphonie" que DUGUÉ a composée cette année-là pour chœurs à cinq voix, trois voix (ténor, alto, basse) et orchestre.
• 10 mai 1771, Paris : Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ, clerc tonsuré du diocèse de Paris, est autorisé par le chapitre à se présenter à la prochaine ordination pour y recevoir le sous-diaconat ; à cette fin, il sera examiné par l'archidiacre de Josias, l'un des chanoines intendants de la maîtrise. Le musicien, âgé alors de 44 ans, a fait le choix de se lancer dans la carrière bénéficiale, plus lucrative et sûre sur le long terme, et d'entamer le "cursus honorum" propre à l'Église de Paris.
• 17 mai 1771, Paris : Il peut se rendre au séminaire Saint-Magloire afin d'y suivre les exercices spirituels préparatoire à cette ordination. Pendant son absence c'est DEMONGEOT, l'ancien maître de musique qui le suppléera. DUGUÉ reçoit la collation de la chapelle Saint-Catherine, son premier bénéfice sous-diaconal.
• 26 août 1771, Paris : Il succède rapidement à AVANTURIER dans un canonicat de chanoine sous-diacre de Saint-Denis-du-Pas.
• 14 octobre 1771 : Le receveur général lui rembourse 93 livres "pour avances faites par lui pour l'Eglise et pour la maitrise des enfants de chœur".
• 18 novembre 1771, Paris : Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ, acolyte parisien, chanoine sous-diacre de Saint-Denis-du-Pas, succède à DEMONGEOT dans un canonicat de chanoine diacre de la même église.
• 8 janvier 1772, Paris : La compagnie lui permet de se rendre pendant une période de trois mois au séminaire Saint-Magloire afin d'y suivre les exercices spirituels nécessaires à la préparation de son ordination diaconale.
• 14 mars 1772, Paris : Il sera interrogé par le chanoine de Bois-Basset dans la perspective d'être présenté à la prochaine ordination.
• 26 février 1773, Paris : "Le vendredi 26 février & tous les mercredis de careme on a célébré dans l’Eglise de la Magdeleine, fauxbourg S. Honoré, des messes pendant lesquelles on exécutoit de la musique. Cette musique commençoit & finissait ordinairement par des symphonies de M. Gossec, d’Hayden, &c. L’on chantoit à l’offertoire, à l’élevation & à la communion, des motets parmi lesquels on a distingué l’excellent Adorate de la Lande, le Quam dilecta, & le Domine salvum, jolis motets à deux voix de M. l’abbé Duguet, maitre de musique de Notre-Dame, & un O salutaris, arrangé par M. de Venture, sur le magnifique trio de Zemire & Azur".
• Avril 1773, Paris : Au Concert spirituel, sans doute pendant la Semaine Sainte, parmi d'autres œuvres données, on note le "Regina cœli, motet à grand chœur de M. l'Abbé Dugué", chanté le samedi 10 et "In convertendo, motet à grand chœur, de M. l'Abbé Dugué, maître de musique de l'Eglise de Paris", chanté le mardi 13 (Mercure de France).
• 7 juin 1773, Paris : Lors de la venue à Notre-Dame du Dauphin et de la Dauphine, "la musique de l'Eglise a executé en symphonie le pseaume Exultate Deo adjutori nostro ensuite le Domine Salvum fac regem de la composition du maître de musique de l'Eglise".
• 3 août 1773, Meaux : Venu de la capitale en compagnie de François GIROUST et de plusieurs chanteurs de la cathédrale de Paris (Pierre FÉRAY, Pierre LARSONNIER...), DUGUÉ entend le motet de Charles HÉRISSÉ, le maître de musique de la cathédrale Saint-Étienne de Meaux, qui avait été couronné au concours de Saintes trois ans auparavant. "Le lendemain de cette solennité, la foule avait de nouveau envahi les larges nefs de [la] vaste basilique. Les chœurs et l'orchestre composés, comme la veille, de tous les musiciens de la ville et des environs étaient à leur poste. Cette fois, M. l'abbé Dugué, maître de chapelle de Notre-Dame, l'auteur de O Salutaris que l'on chante dans la plupart des paroisses le jour des grandes fêtes, tenait le bâton de mesure et dirigeait l'orchestre. Il devait faire exécuter la messe des morts qu'il avait composée pour l'inhumation de Madame la Dauphine, avec la prose Dies irœ, qui avait été plusieurs fois applaudie au concert spirituel".
• 1774, Saint-Cyr [aujourd'hui Saint-Cyr-l'École dans les Yvelines] : Jean-Baptiste GUILLEMINOT-DUGUÉ compose la musique de la tragédie Jephté par monsieur Boyer, de l'Académie Française, donnée dans le cadre de la maison royale de Saint-Cyr. Par la suite, il compose des "divertissements" à l'intention de la maison (chœurs pour voix de femmes) : Descends de la double colline ; Sur les bords qu'arrose la Seine ; Que chacune ici s'unisse ; Jephté ; Le ciel, la nuit, le soleil ; Bouquet pour notre très honorée Mère Chalmette ; Bouquet pour la fête de notre aimable et bien-aimée Mère ; Pour l'aimable et aimée Mère Chalmette.
• 17 juillet 1775, Paris : Le receveur général lui versera 399 livres, montant de la somme payée aux musiciens externes qui sont venus à Notre-Dame lors du Te Deum chanté le 23 juin précédent.
• 6 octobre 1775, Paris : "Le sieur Marin receveur du chapitre remboursera au sieur DUGUÉ maître de musique la somme de trente six livres pour l'achat de trois messes imprimées pour l'usage du chœur de cette Eglise sans néanmoins tirer a consequence ni prejudicier aux droits du chapitre en leurs pretentions contre M. le Chantre pour l'obligation attachée a sa dignité de fournir les livres de chant a l'usage du chœur de l'Eglise".
• 21 juin 1776, Paris : DUGUÉ est chanoine diacre de Saint-Denis-du-Pas ; il obtient la permission de se rendre au séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet afin de suivre les exercices spirituels qui lui permettront de se préparer à recevoir la prêtrise.
• 29 septembre 1776, Paris : Son ordination diaconale est annoncée le samedi des Quatre-Temps en l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet par Mgr de la Roque, évêque in partibus de Saint-Domingue.
• 1er février 1777, Paris : "On a annoncé dans l’Almanach Musical de cette année pag. 39, que M. JOSSE, Maître de Musique à Paris, avoit remporté au mois d’août dernier le prix fondé dans la Cathédrale de Saintes pour le meilleur Motet à grand Chœur ; les éloges qu’on a donnés à ce Motet de M. Josse, ayant inspiré à plusieurs connoisseurs un vif desir de l’entendre ; M. l’Abbé Dugué, Maître de Musique de Notre-Dame, toujours prêt à encourager les vrais talens, a bien voulu s’y prêter : ce Motet fera exécuté dans l’église de Notre-Dame aujourd’hui Samedi, après Vêpres, à trois heures moins un quart précises".
• 17 février 1777, Paris : La compagnie autorise DUGUÉ à faire chanter un Te Deum à la place du motet le prochain Samedi Saint devant la chapelle de la Vierge.
• 23 juin 1777, Paris : Il est autorisé à aller prendre les eaux à Pougues près de Nevers et obtient un congé de cinq semaines juste après le Te Deum. Cette station thermale, à la mode depuis Henri III, était encore fréquentée par de grands personnages dont le prince de Conti. Ses eaux étaient particulièrement recommandées pour lutter contre les coliques néphrétiques.
• 5 juin 1778, Paris : Les chanoines ordonnent qu'on verse 827 livres à l'abbé DUGUÉ pour paiement des musiciens extraordinaires qui sont venus aux offices et fêtes solennels et annuels entre le carême et l'Ascension (référence à une délibération du 13 novembre 1775). On lui permet également de prendre un congé de six semaines à partir du 10 juin pour aller aux eaux de Pougues afin d'y rétablir sa santé ; ses gains au chœur seront maintenus.
• Décembre 1778, Paris : Il dirige le Te Deum chanté en musique pour l’heureux accouchement de la reine.
• 8 janvier 1779, Paris : Le receveur général lui versera 384 livres, montant de la somme payée aux musiciens externes qui sont venus à Notre-Dame lors du Te Deum chanté le 26 décembre précédent.
• 31 mai 1779, Paris : Le receveur général lui versera 84 livres, montant de la somme payée aux musiciens externes qui sont venus à Notre-Dame pour la fête de Pentecôte.
• 7 juin 1779, Paris : Le chapitre lui accorde six semaines de congé afin de se rendre aux eaux de Pougues afin d'y rétablir sa santé avec maintien de ses gains au chœur.
• 25 août 1779, Paris : DUGUÉ fait chanter un motet à l'Oratoire le jour de Saint-Louis en présence des Académiciens de Sciences et des Belles lettres. Il reçoit 400 livres d'honoraires dont quittance.
• 14 novembre 1780, Paris : "Messieurs attachés à la dignité de leur Eglise et à la décence du service divin ont arrêté que le sieur Du Gué, Maitre de Musique, sera authorisé à employé chaque année à commencer du 1er de ce mois pour les frais de son execution aux jours de fêtes solemnelles y compris les frais de violoncelle ordinaire jusqu'a la concurrence de douze cent livres qui sera payée par le sr Marin, receveur général".
• 13 août 1781, Bourges : Les chanoines de la cathédrale écrivent à “M. Duguet à Paris, pour le prier de faire [l']acquisition” d'un serpent.
• 7 septembre 1781, Évreux : Les chanoines de la cathédrale, à la recherche d'un maître de musique, engagent Pierre ROUSSEL, de Péronne, "comme ayant eu le suffrage du sieur DUGUET, maitre de musique de la cathédrale de Paris, auquel la compagnie s’en était rapportée".
• 29 octobre 1781, Paris : DUGUÉ reçoit 432 livres afin de payer les musiciens externes recrutés à l'occasion du Te Deum chanté en l'honneur de la naissance du Dauphin.
• 29 novembre 1781, Paris : On lui verse 327 livres pour le paiement des musiciens externes qui ont chanté lors du Te Deum célébrant la victoire de Yorktown.
• 25 janvier 1782, Paris : Le chapitre lui accorde 708 livres pour honoraires des musiciens externes convoqués à l'occasion de la venue de la reine.
• 25 mars 1782, Paris : Il obtient de DEMONGEOT une des deux vicairies de Saint-Aignan, bénéfice sacerdotal. Il se démet de son canonicat.
• 20 octobre 1782, Versailles : Il signe, paroisse Saint-Louis, comme parrain d’Étienne François, fils d'Étienne Louis Laurent DURAIS, ordinaire de la musique du roi, et de Madeleine-Élisabeth Huon. La marraine est Marie-Françoise Davantois de Beaumont, épouse de François GIROUST, surintendant de la musique de la chambre du roi et de celle de sa chapelle.
• 30 avril 1783, Paris : "Messieurs ont approuvé le paiement fait au sieur Dugué, maitre de Musique, par le sieur Barbié, receveur général du chapitre et de la fabrique, des fonds de ladite fabrique de la somme de deux cent quatre vingt livres pour avec celle de cent vingt livres payée par le loueur des chaises aux termes de son bail completer le payement de la somme de 400 livres à laquelle se sont montés les frais d'exécution du mottet qui a été chanté devant la chapelle de la sainte Vierge le samedi saint 19 de ce mois, et sans tirer à conséquence pour l'avenir".
• 27 février 1784, Blois : Le chapitre de la cathédrale décide d'écrire "à mr DUGUÉ pour faire venir un basse contre".
• 13 mars 1784, Tours : Les chanoines de la collégiale Saint-Martin lisent sa lettre de recommandation en faveur de Julien Élie LEROY, alors maître de musique de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans, et suivent sa proposition.
• 3 novembre 1784, Senlis [Oise actuelle] : Le chapitre de la cathédrale ayant licencié brutalement son maître de musique, LENOIR, écrit à "MM. DUGUEST [sic] et DORIAU [sic] Maîtres de musique à Paris pour les prier de vouloir bien nous envoyer un maître pour notre maîtrise". Les réponses des deux maîtres parisiens arrivent très vite, mais ne semblent pas convaincre les chanoines de Senlis : elles sont lues en chapitre le 15 novembre, relues le 23, la compagnie en rediscute le 29, et ce jour-là décide d'activer un autre réseau en écrivant à GUIGNET, maître à Meaux. C'est finalement lui qui parviendra à placer à Senlis l'un de ses élèves, Nicolas LALLIER.
• 22 novembre 1784, Châlons-en-Champagne : L'abbé DUGUÉ a répondu à la demande d'une basse-taille formulée le 5 du même mois par le maître de musique ANCEL. "M. ANCEL a été prié d'y repondre que Messieurs s'en rapportoient à M. DUGUÉ pour juger du temps auquel il seroit à propos de leur envoyer le sujet qu'il dispose pour remplir la place d'un musicien basse taille, et que d'icy a Pasques prochain, ils n'en choisiroient point d'autre sans l'avoir consulté".
• 17 décembre 1784, Angers : Le chapitre de la cathédrale Saint-Maurice décide "d’écrire à M. DUGUÉ maître de musique à la cathédrale de Paris, pour scavoir de lui s’il connaît un certain musicien de Soissons annoncé pour haute contre et si ce musicien a véritablement les talents et l’art qu’il dit avoir par la lettre qu’il a écrite au Sr VOILLEMONT maître de la psallette de cette église […] ; et que dans ce cas le chapitre le recevra sans difficulté".
• 1785, Paris : Dans les Tablettes de renommée des musiciens, l'abbé "DUGUET", maître de musique à Notre-Dame, apparaît à la fois dans la catégorie des virtuoses et maîtres de musique vocale et dans celle des compositeurs célèbres. On signale qu'il "est Auteur en société de Jupiter & Europe, & de plusieurs superbes Motets". L'auteur commet une erreur en confondant notre musicien avec Alexandre Julien DUGUÉ, "ordinaire de la musique du Roi" qui fut l'un des deux auteurs de ce divertissement chanté par Madame de Pompadour en 1749.
• 22 juin 1785, Paris : DUGUÉ obtient quinze jours de congé pour aller se reposer à la campagne ; il est remplacé par Louis LE VASSEUR, chanoine de Saint-Jean-le-Rond.
• 2 mai 1786, Paris : Il obtient du chapitre sa mise à la retraite du poste de maître de musique pour raison de santé. La compagnie lui accorde une pension annuelle de 300 livres. Sa démission ne sera effective qu'à partir du 1er juillet prochain.
• 26 juin 1786, Paris : Après audition du grand chantre et de l'abbé DUGUÉ, le chapitre nomme pour remplacer ce dernier au poste de maître de musique de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Jean-François LESUEUR, clerc du diocèse d'Amiens, précédemment maître de musique des Saints-Innocents à Paris.
• 18 juin 1786, Saint-Cyr : À l'occasion du centenaire de la fondation de l'école royale Saint-Louis par Louis XIV et Madame de Maintenon, huit jours de fêtes et de commémorations sont organisées. Selon la Gazette de France, "pendant les trois premiers jours, il y a eu exposition du Saint Sacrement, grand'Messe & Salut en musique, de la composition de l'Abbé Dugué, Maître de Musique du Chapitre de Notre-Dame de Paris, qui a été exécutée par les Élèves de la Maison".
• Entre 1770 et 1786, Paris : En quittant la maîtrise, l'abbé laisse ses œuvres comme il est d'usage entre les mains du chapitre. Parmi elles, on trouve encore le motet à grand chœur "In exitu Israël de Aegipto" écrit pour quatre voix (soprano, alto, ténor, basse).
• 8 janvier 1787, Paris : Le canonicat sacerdotal de Saint-Denis-du-Pas vacant par la mort de Denis DEMONGEOT passe à Jean-Baptiste GUILLEMINOT DUGUÉ.
• 3 mars 1788, Paris : "Sur le rapport fait par Mr le Chantre, Messieurs, après en avoir délibéré, ont chargé le sieur Dugué cy devant Maitre de Musique de l'Eglise de Paris de faire chanter, suivant l'usage, le Regina et le motet en symphonie du samedi saint comme aussi la Messe et les vêpres sans symphonie du jour de Pâques de la présente année".
• 2 avril 1788, Paris : Le nouveau maître de musique pressenti, VOILLEMONT, ne prenant finalement pas son poste, Jean-Baptiste GUILLEMINOT-DUGUÉ, bénéficier, prêtre et "cy devant" maître de musique de l'Église de Paris, est désigné pour "donner la musique au chœur et d'y battre la mesure toutes les fois qu'il en sera besoin". On peut donc considérer qu'il exerce les fonctions de maître de musique sans en avoir officiellement le titre.
• 9 avril 1788, Paris : Il perçoit 400 livres par an "par forme de gratification" pour la musique qu'il compose aux fêtes solennelles de la Métropole, à compter du 1er novembre 1787.
• 19 septembre 1788, Noyon : "M. le chantre a été prié d’écrire à Paris à M. Dugué cy devant maître de musique de cette église pour lui demander deux musiciens".
• 17 juin 1789, Noyon : Le chapitre écrit à nouveau à Paris à M. DUGUÉ, "autrefois maître de musique de cette église" pour "l’engager à examiner un jeune musicien dont il lui a parlé dernièrement et s’il le trouve convenable à cette église, il pourra l’envoyer pour la prochaine fête de la translation de st Éloy".
• Mai-juin 1789, Saint-Cyr : un certain FAGNARD, pensionnaire de l'Académie royale de musique, rédige un premier mémoire récapitulatif de toute la musique copiée pour l'abbé DUGUÉ soit 486 pages à 4 sols la page ce qui lui vaut 97 livres 4 sols. On relève surtout deux Miserere, un Salve Regina à grand chœur, un Te Deum à grand chœur.
Dans un second mémoire présenté en juin, il demande 674 livres pour prix de 2 699 pages de musique notée à 5 sols la page. En septembre de la même année enfin, c'est la maison de Saint-Cyr qui s'acquitte en sa faveur de la somme de 1 200 livres pour "prix convenu avec lui pour avoir fait la musique des motets et autres chants d'église". Il existe encore à la bibliothèque de Versailles les partitions de trois motets (deux "Exaudiat te Dominus" ; un "Domine, salvum fac regem").
• 20 août 1790, Paris : DUGUÉ obtient trois semaines de congé pour aller "récupérer sa santé à la campagne" avec maintien des distributions au chœur.
• 24 novembre 1790, Paris : Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ fait sa déclaration de revenus à la municipalité en tant que chanoine de Saint-Denis-du-Pas, canonicat qu'il prétend détenir depuis 1772, faisant abstraction de la période 1782-1787. Ses revenus s'élèvent à la somme de 2 894 livres 18 sols. Il écrit que "L'Education fatiguante des Enfans de chœur continuée pendant plus de quarente ans, ayant affaiblie ma santé, le chapitre m'a accordé pour retraite, en 1786, une pension de 300 livres". Il ajoute : "Depuis deux ans, par deliberation du chapitre, j'ai repris la conduite de la musique, et en ai donné de ma composition aux fêtes solemnéles pendant l'année. Pour ce travail, le chapitre m'accordoit quatre cens livres par an. Total 700 livres". En marge, un employé ou élu municipal a noté "Ces articles n'ont point de rapport au traitement".
• 31 décembre 1792, Mâcon [Saône-et-Loire] : Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ, prêtre, est enregistré par l’administration du département de Saône-et-Loire comme résidant à Tournus, district de Mâcon. Un arrêté départemental daté du 31 décembre lui accorde le paiement de "432 livres 14 sous 8 deniers pour le trimestre de juillet dû de son traitement", ce qui pourrait indiquer qu'il était arrivé au cours de l'été 1792.
Rien, dans l'état actuel de nos connaissances, ne permet d'expliquer sa présence en Bourgogne. A-t-il rejoint un parent, un ami, un élève ?
• 22 mars 1793, Tournus [Saône-et-Loire] : Pour la première fois à cette date, Guilleminot-Dugué apparait dans une liste des pensionnés ecclésiastiques du département, pour un montant de 1 000 livres / an. Il a été rangé parmi les onze membres du "ci-devant chapitre de St-Philibert de Tournus", ce qu’un contrôle administratif critique ensuite, demandant que soit créée pour lui une rubrique particulière "sous le titre de chanoine de St-Denis du pas en l’église de Paris".
Les listes suivantes (30 juin et 18 septembre 1793, 25 frimaire et 15 germinal an II) persistent pourtant à le ranger parmi les chanoines de Saint-Philibert.
• 28 prairial an II [16 juin 1794] : GUILLEMINOT-DUGUÉ figure, toujours pour 1 000 livres, parmi les cinq derniers "ex-chanoines de Tournus". Mais dans la colonne réservée aux observations, là où les autres ont la mention "non marié", figure en face de son nom la mention "détenu". Probablement a-t-il été emprisonné comme suspect.
• Messidor an III [juin 1795], Tournus : Jean-Baptiste François GUILLEMINOT « DUGUAY » figure pour un quartier de 250 livres dans l’état de paiement des pensions ecclésiastiques. Il est dit "ex-chanoine" et domicilié à Tournus.
• 20 mars 1796, Tournus : Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ est mentionné en qualité de chanoine de Saint-Denis, à Paris, dans un tableau des pensionnés ecclésiastiques résidant dans le canton de Tournus. Dans un autre tableau non daté, il apparaît en tant qu'ex-vicaire, qualité qui semble douteuse.
• 1er semestre an V [septembre 1796-février 1797], Tournus : Qualifié cette fois d’ex-religieux, il figure pour 500 livres au titre des pensions ecclésiastiques du canton de Tournus.
• 4 vendémiaire an VI [25 septembre 1797], Tournus : Jean-Baptiste François GUILLEMINOT-DUGUÉ est présent à la maison commune de Tournus et signe d'une main ferme lors de la prestation de serment demandée aux 29 ecclésiastiques résidant dans le canton. "Pour donner une preuve certaine de leur civisme et de leur dévouement à la République entière", tous jurent "haine à la royauté et à l’anarchie, fidélité et attachement à la République et à la Constitution de l’an III".
Peu après, le 9 frimaire an VI [29 novembre 1797], les mêmes sont à nouveaux convoqués pour déclarer qu'ils n'ont "ni rétracté ni modifié" leurs serments antérieurs. Guilleminot-Dugué est à nouveau présent et signataire.
Il ne figure plus dans un tableau des pensionnés ecclésiastiques du département de Saône-et-Loire dressé le 5 prairial an VI [24 mai 1798]. Son décès n'a pas été retrouvé dans les registres de Tournus.
• 29 avril 1804, Paris : Le Journal de Paris annonce que le 2 mai suivant, à dix heures du matin, "il sera célébré à Notre-Dame, un service en musique pour feu M. Dugué, ancien maître de musique de ladite église. La messe & la prose seront de sa composition, & le De profundis de celle de M. l’abbé Roze, qui conduira l’orchestre". GUILLEMINOT-DUGUÉ serait-il mort dans la capitale en début d'année ?
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• 1813, Paris : L'abbé Nicolas ROZE, bibliothécaire du conservatoire national de musique donne à celui-ci la partition de 87 pages de la messe "Missa Cui Titulus Sit Laus plena, sit sonora Mentis Jubilatio pour chœurs, 4 voix (ténor, dessus, alto et basse) et orchestre", qui a été composée par GUILLEMINOT-DUGUÉ entre 1760 et 1780. On peut supposer que ROZE effectue ce don après le décès de celui qui devait être son ami.
• Juillet 1842, Paris : Dans la Revue et Gazette Musicale de Paris, un de ses anciens enfants de chœur, Jean Marie Ambroise POTTIER, évoque avec tendresse la figure de son maître bien-aimé. Il raconte que les enfants avaient l'habitude de se moquer des "vieux" compositeurs dont on chantait encore messes et motets à Notre-Dame. "L'abbé Duguet, notre excellent maître, qui valait assurément mieux que tout cela, prenait son sérieux quand nous nous moquions de Lalande ; mais il nous abandonnait volontiers Campra, et surtout Labretèche, les éternels objets de nos sarcasmes et de nos pasquinades".
Mise à jour : 30 janvier 2023