GUILLEMET, Lazare (1773-1855)

Lorsque la Révolution commence, Lazare GUILLEMET est l'aîné des enfants de chœur de la cathédrale d'Autun. Les registres capitulaires conservés à Autun par la Société Éduenne permettent d'éclairer le début de son cursus. L'état civil permet de le suivre ensuite, devenu instituteur et "huissier impérial" sous l'Empire.

• 16 mai 1773, Bourbon-Lancy [Saône-et-Loire] : Ce jour-là, Lazare GUILLEMET naît paroisse Saint-Léger, où il est baptisé le lendemain. Son père est maître sellier, son parrain "greffier aux bailliage et chancellerie de cette ville".

• 1^er février 1782, Autun : Le chapitre de la cathédrale Saint-Lazare reçoit pour enfant d’aube le nommé Lazare GUILLEMET, "né à Bourbon-Lancy le 16 may 1774", enregistre le secrétaire capitulaire, qui semble avoir le certificat de baptême sous les yeux puisqu'il livre une date précise. Pourtant cette date est erronée d'une année : est-ce un lapsus du scribe ou une stratégie volontaire (de la famille ? du curé ?) de rajeunir le garçon d'une année afin de lui faciliter l'entrée à la maîtrise ? En effet, bientôt âgé de 9 ans, il dépassait l'âge souhaité par les chanoines : une délibération du 23 décembre 1779 avait établi que les enfants de chœur seraient reçus "de l’âge de six ans jusqu’à 7 et demi". Le secrétaire poursuit, comme à l'ordinaire : "à la charge par led. GUILLEMET de se bien conduire et profiter en leur maîtrize, tant en latin qu’en musique, et d’y rester pendant dix années consécutives et même plus de temps si le chapitre le juge à propos".
Par l'itinéraire pédestre le plus direct, il faut compter un peu plus de 60 km entre Bourbon-Lancy et Autun, ce qui est une distance importante pour le recrutement d'un enfant de chœur. Les parents Guillemet, ou leur curé, avaient-ils des relations particulières avec Autun ? Le maître de musique de la cathédrale d'Autun est alors, depuis 1778, Jean-Christophe CONTAT.

• 31 janvier 1783, Autun : Le chapitre évoque brièvement le cas de trois des huit enfants de chœur, "les nommés MARILLIER de Lucenay, GUILLEMET de Bourbon-Lancy et PICARD d’Autun", remarquant qu'ils "ne font pas de progrès, qu’ils n’ont point de voix et qu’il y a lieu de craindre qu’on ne tire aucun parti de ces enfants". Toutefois un sursis est décidé, jusqu'au mois de novembre suivant.
• 29 août 1783 : Les chanoines autorisent GUILLEMET, "l’un de leurs enfants de chœur", à aller chez ses parents à Bourbon-Lancy "pour y prendre les remèdes convenables à sa maladie". Ce sont ses parents qui en ont fait la demande au chapitre. Quoique éloignés, les parents se tiennent donc au courant de l'état de santé de leur fils.
• 7 novembre 1783 : Les jours précédents, un jury composé du Doyen du chapitre et des chanoines préposés à la maîtrise a examiné et surtout fait chanter tous les enfants de chœur, en présence des deux maîtres, de latin et de musique. Lazare GUILLEMET se tire bien de cet examen puisque ce sont "les nommés MARILLIER et PICARD, 5^ème et 6^ème enfants de chœur" seuls qui sont renvoyés, jugés comme ne peuvant être "d’aucune utilité à l’église, n’ayant presque point de voix et nulle disposition à apprendre et la musique et la langue latine". 

• 1790, Autun : Lazare GUILLEMET fait partie des huit enfants de chœur de la cathédrale Saint-Lazare qui sont formés à la maîtrise par le maître Jean-Christophe CONTAT. Lazare est l'aîné du groupe, toujours cité en tête des listes retrouvées.
Dans les documents administratifs établis au fil de l'année 1791, ils ne sont plus que sept enfants de chœur à être cités, dans l'ordre suivant, qui traduit leur rang d'ancienneté à la maîtrise : Lazare GUILLEMET, François DEVOUCOUX, Pierre COMMEGRAIN, Jean COMMEGRAIN, Jean GRAILLOT, André FÉLIX, Antoine CROCHET.

• 22 juillet 1791, Autun : Un tableau administratif est accompagné du résumé d'une requête des enfants de chœur de la cathédrale où ils se disent "nés de parents pauvres" et constatent que "la suppression du chapitre auquel ils étaient attachés les prive de beaucoup d'avantages". Ils demandent que "l'assemblée nationale leur donne les moyens de continuer leurs études".
Le district estime que "pour cette année seulement" il doit être payé à chacun d'eux une gratification de 140 livres "à condition qu'ils continueront de prendre leçon de musique chez le sieur CONTAT et qu'ils assisteront aux offices". Le directoire du département, sans évoquer la poursuite de leur service, propose de leur accorder a chacun une gratification de 300 livres.

Sa trace documentaire liée à l'Église et à Autun se perd ici. Lorsqu'on retrouve Lazare GUILLEMET, six ans plus tard, il habite à Luzy, une bourgade de la Nièvre située à 34 km au sud-ouest d'Autun et à 28 km au nord-est de Bourbon-Lancy.

• 25 vendémiaire an VI (16 octobre 1797), Luzy [Nièvre] : Lazare GUILLEMET, dont l'officier d'état civil ne donne pas le métier, épouse Claudine Durand, fille d'un serrurier de la commune. Le jeune homme est orphelin de père (son père est mort à Bourbon-Lancy le 28 janvier 1789). Sa mère a établi une procuration le 18 vendémiaire pour autoriser le mariage.

• 2 floréal an VII (21 avril 1799), Luzy : Ce jour-là est dressé l'acte de naissance de Lazarette, fille de Lazare GUILLEMET, instituteur, et de Claudine Durand, née une semaine plus tôt, le 25 germinal [14 avril 1799]. Le premier déclarant est le grand-père maternel de l'enfant, la seconde est une tante paternelle, venue de "Bellevue-les-Bains", nom donné durant la Révolution à Bourbon-Lancy.

• 3 avril 1810, Luzy : Lors du décès de sa première épouse, Claudine Durand, à l'âge de 34 ans, le sieur Lazare GUILLEMET est devenu "huissier impérial à la résidence de Luzy".
• 11 septembre 1810 : Cinq mois après son veuvage, le sieur Lazare GUILLEMET, "huissier impérial demeurant en cette ville", se remarie, épousant la demoiselle Marie Rochut, née à Luzy le 23 novembre 1792 – soit près de vingt ans après lui.

• [1815] : L'ex-enfant de chœur redevient instituteur, sans doute au moment de la chute de l'Empire.

• 24 mai 1855, Luzy : Son fils Michel, perruquier, et son gendre, tailleur d'habits, déclarent le décès, le jour même dans sa maison, de "monsieur" Lazare GUILLEMET, âgé de 82 ans, instituteur à Luzy.

Mise à jour : 17 novembre 2020