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FAY, Étienne (1768-1845)
État civil
NOM : FAY     Prénom(s) : Étienne     Sexe : M
Date(s) : 1768-3-11  / 1845-12-20
Notes biographiques

Ce fils d'un obscur jardinier tourangeau est à l'origine d'une dynastie d'artistes exerçant dans tout le pays au XIXe siècle. Étienne FAY a été enfant de chœur une dizaine d'années avant la Révolution à la psallette de la cathédrale de Tours. Au moment de la suppression du chapitre, il a déjà quitté les bords de Loire pour la capitale, privilégiant une carrière au théâtre à la carrière ecclésiastique, choix du plus grand nombre de ses condisciples. Premier ténor dans des théâtres parisiens, il compose également mais le succès ne vient que sous le Directoire. Après la mort de son épouse, il poursuit sa carrière en province , jusqu'en Belgique. C'est à Lyon, sous l'Empire, qu'il rencontre le succès mais dans un répertoire aujourd'hui oublié. Il se marie avec la fille d'un ancien musicien d'église, également artiste, Marie-Jeanne Lemesle. Son expérience de directeur de théâtre, à Marseille, est un sérieux revers financier. Avant de repartir en tournée avec sa femme et ses filles, il rédige un curieux "Plan d'une organisation générale de tous les théâtres de l'empire". À l'époque de la Restauration, il entame une seconde carrière parisienne avant de mourir, rentier, sous la Monarchie de Juillet.

• 11 mars 1768, Tours : Étienne FAY, fils d'Étienne, jardinier, et de Madeleine Rouger, vient au monde et il est baptisé le lendemain paroisse Saint-Simple. Le père signe au bas de l'acte.

• 12 août 1776, Tours : Il est reçu enfant de chœur à la psallette de la cathédrale Saint-Gatien à la place de Pierre BRUNEAU, choisi trois jours plus tôt au concours mais qui a menti sur son âge. Il est l'un des derniers enfants recrutés par le vieux maître Charles Joseph TORLEZ, qui meurt quelques semaines plus tard. Il est ensuite formé par Jean Christophe CONTAT et surtout Antoine MERLE.
• 30 avril 1777, Tours : Lors de l'évocation des bénéficiers et gagistes au chapitre général, il est l'un des pueri de la psallette.
• 4 mai 1779, Tours : Il est devenu le second des primeterae de la psallette (sixième rang des enfants de chœur).
• 19 décembre 1779, Tours : Il est devenu le premier des primeterae de la psallette (cinquième rang des enfants de chœur).
• 19 décembre 1781, Tours : Lors de l'évocation des bénéficiers et gagistes au chapitre général, il est cité comme premier des secundeterae (troisième rang des enfants de chœur).
• 22 mars 1782, Tours : Avec son camarade Louis MINIÈRE, Étienne FAY semble présenter quelques dispositions pour apprendre à toucher l’orgue. Le chapitre décide que l’organiste Louis Antoine GUICHARD aura à donner des leçons à au moins l'un des deux, trois fois par semaine, et il sera "muleté" (puni d'une retenue sur ses gages) s’il ne le fait pas.
• 1er mai 1786, Tours : Lors de l'évocation des bénéficiers et gagistes au chapitre général, Étienne FAY est le premier des enfants de chœur.

• 21 octobre 1786, Tours : Peu après le départ de MERLE, Étienne FAY quitte la psallette, le chapitre lui octroie 100 livres pour ses dix années de service, plus 70 livres « pour lui tenir lieu de tout linge et habillement que le chapitre donnoit cidevant », plus une gratification de 24 livres concernant la dernière fête patronale de Saint Maurice [a-t-il composé? Chanté?]. « Mrs ont consenti que ledit FAY vienne tous les dimanches et festes au chœur en habit laique pour jouer de la contrebasse ou faire tout autre chose concernant la musique et lui ont accordé 20 sols par chacun de ces jours et avec la condition qu’il viendroit aux matines de toutes les festes ou il y aura musique ou chant sur le livre ».

• 9 mars 1787, Tours : On lui verse la somme de 62 livres pour « solde de tout ce qui lui est du pour tous les jours où il a assisté au chœur depuis la Toussaint dernière jusqu’à ce jour à y jouer de la contrebasse » (dont 9 livres pour le papier à musique) ; le chapitre lui accorde "le certificat de vie et mœurs par lui demandé". FAY doit sûrement quitter sa Touraine natale dans les semaines ou les mois qui suivent. Selon Fétis, " Après y avoir fait d'assez bonnes études de musique, il sortit de la maîtrise à dix-huit ans. Plein d'espoir d'obtenir une place de maître de musique d'une cathédrale, il visita pendant quelque temps les villes de province, puis vint à Paris et prit la résolution de se faire comédien".

• 12 juin 1790, Paris : Antoinette-Geneviève Leurin, et lui signent leur contrat de mariage dans l'étude de maître Pierre Gatien Moreau. Selon la notice nécrologique que lui consacre en 1845 l'Annuaire dramatique de Belgique, il est alors en poste comme premier ténor au Théâtre Louvois. L'acte mentionne qu'il est professeur de musique, demeurant rue de la Cerisaye, paroisse Saint-Paul. Jean Fay, graveur à Paris [un cousin], signe à ses côtés, il est porteur de la procuration passée le 28 mai à Tours devant le notaire Petit et signée de la mère du jeune garçon mineur, remariée à François Bodineau. Les biens du futur sont constitués par l'héritage de son père, il est le seul héritier. L'épouse apporte de ses gains et épargne la somme de 6 000 livres en espères, meubles, habits, bijoux, etc... Ses parents, qui demeurent à Fontainebleau, lui ont constitué une dot de 2400 livres dont 400 livres payées aussitôt au comptant. Le reste proviendra d'un remboursement de 4 000 que doit faire aux Leurin le généalogiste de la Maison d'Artois. Les époux se font une donation entre vifs.
Trois jours plus tard, la bénédiction nuptiale est prononcée en l'église paroissiale Saint-Paul

• 1791, Paris : Étienne FAY compose Flora, opéra en un acte qui rencontre le succès.

• 6 Juillet 1792, Paris : Leur fils Jean Jacques Joseph vient au monde.

• [1792-1793], Paris : Étienne FAY serait en poste au Théâtre Favart [Opéra-Comique]; son nouvel opéra-comique, "le projet extravagant", donné à Louvois ne marche pas, ainsi qu'une autre œuvre intitulée "le bon père". "Quoique bon musicien et chanteur assez agréable, M. Fay produisait peu d'effet au théâtre Favart, où Michu et quelques autres acteurs jouissaient de la faveur publique. Sa voix était sourde et son jeu manquait de chaleur et de légèreté; mais il avait de la noblesse dans certains rôles, et rachetait ses défauts par de l'intelligence" écrira Fétis. En 1793, il fait représenter sur la même scène " Les Rendez-vous espagnols", opéra en trois actes, qui furent bien accueillis. La même année, il donne au théâtre Feydeau "Emma, ou le soupçon" en trois actes.

• [1795], Paris : Selon Fétis, " Clémentine, ou la belle-mère", peut être "considéré comme le meilleur ouvrage de cet artiste [et] obtint un succès de vogue". Le 3 juin 1795 à Fontainbelau s'éteint son beau-père Jean Charles Leurin, vivant de son revenu, il était originaire de Billancourt [Oise].

• [1796-1801], Paris : Étienne FAY chante au Théâtre Feydeau avec Gaveaux avec lequel il partage l'emploi de 1er ténor. "Ce temps est le plus brillant de la carrière de M. Fay comme chanteur et comme acteur. A l'époque de la réunion des deux entreprises des théâtres Favart et Feydeau, il ne fut point admis dans la nouvelle société de l'Opéra Comique, et il quitta Paris pour se rendre à Bruxelles" [Fétis].

• 13 décembre 1802, Paris : Sa femme meurt à l'âge de 40 ans à leur domicile du 11, rue Gaillon, deuxième arrondissement. FAY est présenté comme artiste. Il n'est pas présent. C'est son cousin germain, Jean Fay, artiste graveur en taille douce, demeurant également à Paris, qui déclare le décès.

• 10 janvier 1803], Bruxelles : Il chante à Bruxelles.

• [1803-1804], Lyon : FAY vient chanter dans la capitale des Gaules et débute la saison en avril 1803 dans des œuvres des Méhul, '"Une folie", et Dalayrac ("Adolphe et Clara" et "Maison à vendre"). Le Bulletin de Lyon rend compte de ses prestations : "M. Fay, (...) s'est montré à son avantage et a obtenu un succès brillant (...) Le public de Lyon ne peut que se féliciter de voir sur la scène un pareil sujet; je ne sache pas que, depuis longtemps, les rôles confiés à M. Fayaient été aussi bien joués qu'ils le sont par lui. "
Peu de temps après, il chante avec la mademoiselle Rousselois, qui deviendra son épouse, dans Les Prétendus de Lemoyne et le célèbre Œdipe à Colone de Sacchini. La critique semble moins élogieuse mais il se rattrape en juin en sauvant avec Micallef, selon la presse, les représentations du Concert interrompu de Berton. Il chante ensuite des œuvres de Méhul, Isouard, leheman, Dalyarac. A nouveau, il est épinglé pour son interprétation dans le Roméo et Juliette de Steiebelt : "M. Fay, qui a du talent, a aussi trop fréquemment une froideur et une monotonie qui excitent le dépit dans ceux qui l'aiment". L'argument est repris à l'occasion de son rôle de Forlis, personnage simulant la folie dans Le médecin turc d'Isouard. Le Bulletin de Lyon explique qu'il "ne remplit pas le rôle d'un fou furieux" et "n'aurait, sans doute, pas assez de chaleur pour s'élever jusqu 'au délire".
Selon Fétis, la demoiselle Rousslois avait débuté à Paris au théâtre Feydeau, sous le nom de Mlle Bachelier, elle aurait doublé ensuite Mlle Maillard à l'Opéra.

• 15 octobre 1804, Lyon : Étienne FAY, "artiste" demeurant au 1, place de la Comédie, reconnaît la fille qu'il a eu avec Marie Jeanne Lemesle-Rousselois avec laquelle il n'est pas encore marié et la prénomme Gabrielle Jeanne Elisa. Jean REVELLE, également artiste à la Comédie, signe au bas de l'acte.

• [1804-1805], Lyon : Étienne FAY entame la saison suivante avec "Une heure de mariage" de Dalayrac et chante ensuite plusieurs fois avec mademoiselle Rousselois, en particulier dans "le Quart d'Heure de Silence" de Gaveaux, où ils chantent "aussi bien que possible".

• [1805-1806], Lyon : Il adapte un opéra-comique de Gaspare Spontini avec ce dernier, l’œuvre s'intitule alors "Julie ou le pot de fleurs"... En avril, l'empereur Napoléon 1er passe dans la ville en allant se faire couronner à Milan. Étienne FAY donne la cantate allégorique "Le songe d'Ossian", qu'il a composée sur un texte du docteur Aimé Martin, et dans  laquelle il semble chanter. Il regagne ensuite Paris.

• 17 août 1809, Rouen : "Artiste dramatique demeurant depuis trois ans environ en cette commune, au n°9, rue des Charrettes, mais ayant son domicile principal à Paris, rue de la Richaudière, section Le Pelletier", Étienne FAY se remarie à Marie Jeanne Lemesle, artiste dramatique, fille de Jean Antoine LEMESLE et de Marie Josse Rousselois, artiste dramatique. Marie Jeanne Lemesle a divorcé le 9 mai 1805 à Lyon d'avec Pierre Bachelier. Les quatre témoins sont tous artistes dramatiques : Pierre Marie Masson, François Pierre Mazilly, Louis Raymond Bordes et Louis Lavilette.

• 9 novembre 1810, Toulouse : Leur fille Louise Jeanne Claudine vient au monde. Le couple habite place du Capitole et Étienne est présenté comme artiste. Un autre artiste, Jean Farguiel, signe l'acte de naissance.

• [1811-1813], Marseille : Étienne FAY perd une partie de son argent "dans sa malheureuse entreprise de la direction du théâtre" [Annuaire dramatique de Belgique].

• 1813, Paris : Il publie chez Bailleul un texte de 86 pages intitulé "Plan d'une organisation générale de tous les théâtres de l'empire, précédé de réflexions sur la nécessité de fixer l'état moral et physique des comédiens pour l'ordre social, pour les mœurs et pour le plus grand intérêt de l'art dramatique". D'une certaine manière, il entend fonctionnariser l'institution, la placer sous surveillance du ministère de l'Intérieur, prévoir des droits à la retraite dont le financement serait assuré par des cotisations des acteurs actifs. Ces derniers seraient divisés en trois classes selon leurs talents, les meilleurs pouvant jouer et chanter sur les plus grandes scènes et le répertoire serait débarrassé des pièces de mauvais goût. Surtout, il propose de sélectionner les actrices et acteurs au regard de leur bonne conduite et mœurs pures...Un certain D, critique au Journal des arts, sciences et de littérature, chronique la même année dans les colonnes de sa revue le mémoire de Fay et l'étrille de belle manière, avec une mordante ironie. Ces 86 pages ont-elles été écrites sous le coup de la déception de Fay au sortir de son expérience marseillaise ou cela correspond-t-il au fond de sa pensée?

• [1819] , Paris : Il revient au Théâtre Feydeau après une tournée en Belgique et Hollande en compagnie de sa femme. Sa belle-mère, Marie Whilelmine dite Mlle Rousselois, réside à Bruxelles jusqu'à son décès en 1850. Fétis présente ainsi l'affaire : "Après avoir long-temps voyagé et joué dans les provinces, M. Fay revint à Paris en 1819, et rentra à l'Opéra-Comique, où il se fit entendre dans Montano et Stéphanie, dans Hélêna, et d'autres ouvrages de l'ancien répertoire. Sa voix avait changé de caractère et était devenue plus grave que dans sa jeunesse. Sans être un chanteur de Bonne école, il ne manquait ni de goût, ni d'expression, et il était bon musicien : cependant il eut peu de succès, ne fut pas engagé, et partit pour la Hollande en 1820".

• [1819], Paris : Il se produit au théâtre du Gymnase et continue de voyager jusqu’en 1826 avec sa fille Léontine. Ensuite, il se sédentarise.

• [1820] : Il retourne en Hollande et Belgique avec ses filles Léontine [future madame Volnys] et Élisa [future madame Genot].

• 11 novembre 1822, Laon : Son fils Jean Jacques Joseph, ancien acteur connu sous le nom de Baron,  devenu commis marchand, demeurant dans le sixième arrondissement de Paris, 18 rue Notre-Dame de Nazareth, se marie avec Céline Élisabeth Hamade, native de la cité picarde.

• 7 octobre 1823, Paris : Leur fille Jeanne Gabrielle Élisabeth [Élisa], mineure, épouse paroisse Saint-Roch Pierre François Genot, "régisseur général de l’Opéra-Comique" [mort le 17 décembre 1843 à Paris selon l'acte de mariage de leur fils en 1851]. Elle demeurait 17, rue Pelletier, sans doute avec ses parents.

• 29 septembre 1832, Paris : Leur fille Léontine épouse l'acteur Charles Joly-Volnys. Trois ans plus tard, les deux époux seront reçus pensionnaires de la Comédie-Française.

• [1837] : Fétis dans sa Biographie universelle des musiciens lui consacre un développement assez étoffé qu'il termine ainsi : " Il n'a plus été attaché à aucun théâtre et a vécu dans la retraite. On a peine à comprendre qu'après avoir obtenu des succès comme compositeur, M. Fay ait renoncé jeune encore à une carrière qui n'avait rien eu de pénible pour lui. Il manquait de savoir, mais non de mélodie, ni d'un certain sentiment dramatique".

• 20 décembre 1845, Versailles : Étienne FAY, rentier, meurt à midi à son domicile du 36, rue de la paroisse. L'Annuaire dramatique de Belgique lui consacre une notice nécrologique en 1845. Elle récapitule sa carrière et ses principales compositions de musique. "Étienne Fay a mis en musique les ouvrages suivants : Flora, le Projet extravagant, le bon Père, le Rendez-vous espagnol, Clementine, Emma, ou le soupçon, la Famille savoyarde,Julie, ou le pot de fleurs, ce dernier refait ensuite avec Spontini (Voir nos Ephémérides). Fay manquait de savoir, mais non de mélodie, ni d'un certain sentiment dramatique. Sa vie entière a été dominée par une monomanie, celle de déterrer partout des trésors".

• 12 mai 1851, Nancy : Étienne FAY a été à l'origine d'une dynastie d'artistes. Son petit-fils, Jean Étienne Achille Génot, artiste dramatique épouse Élisabeth Herz, également artiste dramatique.

Mise à jour : 2 décembre 2023

Sources
Annuaire dramatique pour 1845 ; F-Ad02/ 5MI 0078 ; F-Ad31/ 1E249 ; F-Ad37/ 6NUM6/ 261/ 637 ; F-Ad75/ 5Mi1 1151 ; F-Ad76/ 3E 00999 ; F-Ad78/ 1112528 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1385 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1386 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1387 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1388 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1389 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1390 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1391 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1392 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1393 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1394 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1395 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1396 ; F-An/ MC/ RE/ LXII/ 11 ; F.-J. Fétis, Biographie universelle des musiciens..., 1837. ; Filae.com ; ZAJTMANN Marc, La vie musicale à Lyon au XIXe siècle, Université Lumière Lyon 2, 2000, deuxième partie, pages 103-105. ; http://catalogue.bnf.fr

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