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DEVARENNES, Suzanne Félicité, épouse CHEFDEHOUX (1768-1805)

DEVARENNES, Suzanne Félicité, épouse CHEFDEHOUX (1768-1805)

État civil
NOM : DEVARENNES     Prénom(s) : Suzanne Félicité     Sexe : F
Complément de nom : épouse CHEFDEHOUX
Autre(s) forme(s) du nom : VARENNES
DEVARENNE
DESVARENNES
CHEF DE HOUX
Date(s) : 1768-2-10   / 1805-8-28 
Notes biographiques

La biographie de Suzanne-Félicitée DEVARENNES peut s'appuyer sur quelques documents qui permettent de bien connaître en particulier les conditions dans lesquelles elle est engagée comme organiste à Saint-Pierre de Rennes en 1792. En revanche, on reste encore dans l'ignorance quant à l'orgue qu'elle desservait – éventuellement – en 1790. Lorsqu'elle meurt prématurément, à 37 ans, elle s'était installée à Nantes avec son mari.

• 10 février 1768, Lorient [Morbihan] : Suzanne Félicité DEVARENNES voit le jour, selon l'inscription du recteur de la paroisse Saint-Louis, du couple formé par Nicolas Leurions et Alexis Berteaux. L'enfant, baptisé le lendemain, a pour parrain Maître Philippe Guillois et pour marraine Dame Suzanne Jeanne Duhamel épouse de maître Armand Jean Joffé Du Breuil. Le père n'est pas présent à la cérémonie. Par acte de justice en date du 8 juillet 1790, "Jean-Noel de Varennes maitre peruquier, barbier et étuviste à Rennes et demoiselle Marie Alexis Bertaux son épouse" reconnaissent Suzanne Félicité DE VARENNES pour leur fille et leur héritière. D'après les pages insérées avant son acte de baptême, l'affaire aurait été initié en avril 1788.

• 8 juillet 1790, Rennes [Ille-et-Vilaine] : Par décision de justice et comme indiqué ci-dessus, les parents de Suzanne Félicité DEVARENNES la reconnaissent pour leur fille. Au début de l'acte, il est dit que Suzanne Felicité DEVARENNES "a réellement rentré chez elle [au domicile parental], qu'elle y a rapporté les instruments, musique & autres effets qui aux termes de l'arrêt du 22 décembre [1789] lui avoient été livrés sous le cautionnement de Deligné" [son curateur] et cela, suivant une requête en date du 22 décembre 1787. Suzanne Félicité DEVARENNES aurait donc quitté le domicile familiale depuis 1787 pour s'établir en un lieu qui n'est pas mentionné dans l'acte ?

• 1790, Chartres ou Rennes : Suzanne-Félicité DEVARENNES exerce-t-elle comme organiste dans l'une des églises de Chartres ou de Rennes ? Son nom n'a pas été retrouvé à Rennes dans les comptes de fabrique dépouillés, notamment dans ceux de la paroisse Saint-Sauveur. Elle aurait pourtant 22 ans, c'est-à-dire largement l'âge de gagner sa vie.

• 21 juin 1791, Chartres [Eure-et-Loir] : Suzanne-Félicité DEVARENNES accouche d'un enfant illégitime (voir ci-après, au 11 pluviôse an II) nommé Marie Modeste. L'enfant est présenté par la sage-femme au vicaire qui dessert la paroisse de la cathédrale et a pour parrain Augustin François Pierre Brault et Marie Modeste [Levasseur ?] qui savent signer.

• 22 janvier 1792, Rennes : Mademoiselle DEVARENNES postule à l’orgue de la nouvelle cathédrale Saint-Melaine, dont le culte se tient provisoirement en l’église des Cordeliers, mais le "général de la fabrique" lui préfère Marie LELIÈVRE et embauche cette dernière à compter du 15 janvier immédiatement précédent.
La jeune femme ne se tient pas pour battue et postule alors au futur poste de la nouvelle paroisse Saint-Pierre formée par le regroupement de Saint-Aubin et de Saint-Sauveur.
• 16 août 1792 : La nouvelle paroisse St-Pierre (alors desservie à St-Sauveur) engage Suzanne-Félicitée DEVARENNE comme organiste, à compter de la fin des travaux d’installation de l’orgue récupéré de l’abbaye Saint-Georges, travaux effectués par le facteur d'orgue Pierre TESSIER. Cet orgue est l'un des bons instruments de Rennes au XVIIIe siècle. Construit au milieu du XVIIe siècle, sans doute par le facteur Jacques LEFEBVRE, il est décrit en 1792 comme "un orgue de huit pieds avec positif séparé et un cornet de récit avec pédale séparée, ayant trois soufflets", par le facteur chargé de son estimation. Parmi ses titulaires antérieurs, on connaît Étienne LEPLAT (de 1732 à 1742). Son dernier organiste à Saint-Georges avait été Henri-Jean DANGEVILLE.
Le 16 août 1792, avant même que le transfert de l'instrument ne soit terminé, un traité précis est passé entre la fabrique et la jeune organiste. Elle touchera un fixe de 400 livres par an ("payables par six mois"), mais elle devra payer le souffleur. Elle recevra "en outre la part de l’organiste et du souffleur dans les fondations". Ses charges de travail sont précisées : elle devra toucher l'orgue "tous les dimanches et fêtes de l’année, tant à la grande messe qu’aux vêpres et saluts tant des jours que des veilles" ainsi qu'à "toutes les messes du Saint-Sacrement au jeudi" et bien sûr aux messes de fondation.
Ce qui paraît le plus surprenant dans ce contrat est que deux ans de gages lui seront payés d'avance, sous le cautionnement de ses parents. La justification avancée à cette avance hors normes par les fabriciens est "pour exciter davantage l’assiduité et les talents de la ditte cytoienne [sic] des Varennes dans l’exercice de son art, sur le jeu d’orgue de St Pierre". Ces deux ans doivent commencer à courir "du jour que le jeu d’orgue sera en état d’être servi".
•  24 novembre 1792 : Suzanne-Félicité DEVARENNES signe une quittance reconnaissant avoir reçu effectivement cette somme de 800 livres correspondant à deux ans de gages versés à l'avance. Le même jour ses parents se constituent caution solidaire, s'engageant à l’exécution du contrat de deux ans, sous peine de remboursement intégral.
On peut penser que c'est vers cette date que l'organiste a réellement commencé son service, après la fin des travaux de TESSIER sur l'orgue.

• [1793 ou 1794], Rennes : Lorsque l'église Saint-Sauveur devient le temple de l’Être Suprême, Suzanne-Félicitée DEVARENNE poursuit son service d'organiste, animant les fêtes décadaires.

• 11 pluviôse an II (30 janvier 1794), Rennes : À six heures du matin, en la maison commune, est conclu le mariage entre Suzanne-Félicité DEVARENNE et Joseph-Auguste Chefdehoux. Aucun métier n'est indiqué, ni pour l'un ni pour l'autre. La jeune femme est dite "fille majeure de Jean-Noël Devarenne et de Marie-Alexis Bertaux, originaire de Lorient, district dudit nom, département du Morbihan, et domiciliée de Rennes". En marge de l'acte de mariage "les époux ont déclaré reconnaître Marie Modeste, né [sic] à Charte [sic] le 21 juin 1791 pour leur propre et légitime enfant".
• 19 germinal an II (8 avril 1794), Rennes : Suzanne-Félicité DESVARENNES, épouse du citoyen Chefdehoux, demeurant rue Beaurepaire, prête serment en tant qu'institutrice de musique. Le même jour, l'organiste Marie LELIÈVRE, demeurant place des jeunes Malouines, prête également serment.

• 6 prairial an V (25 mai 1797), Rennes : Suzanne-Félicité DEVARENNES, femme d'Auguste Chefdehoux, demeure maintenant rue Basse. Elle accompagne à la Maison commune une sage-femme venue déclarer que, la veille, Marie-Jeanne-Flavie DUPARC, épouse de Pierre Gillet, absent, a accouché d'un garçon "dans sa demeure rue du Lycée", et que cet enfant a reçu les prénoms de Amand-René. L'autre témoin est un perruquier nommé René Alliot, demeurant rue aux Foulons. La présence de Suzanne-Félicité manifeste les liens existants entre ces familles d'organistes, voire peut-être les liens unissant les deux jeunes femmes (proches en âge : elles ne sont séparées que par six ou sept ans). Elle signe avec aisance "Suzanne Félicité Devarenne=Chefdehoux" [sic pour le signe "=").

•••

• 21 fructidor an IX (8 septembre 1801), Nantes [Loire-Atlantique] : Les époux Chefdehoux se sont installés Quai de la Fosse à Nantes, où Suzanne-Félicité DEVARENNES donne naissance à une fille prénommée Jeanne-Éliza. Joseph-Auguste Chefdehoux est dit "instituteur" lorsque le lendemain il déclare la naissance, en compagnie d'un marin et d'un opticien.

• 5 ventôse an XI (24 février 1803), Nantes : La petite Jeanne-Éliza meurt à l'âge d'environ 18 mois, "en la demeure de ses père et mère, située quai de la Fosse". Le père de l'enfant est à nouveau dit "instituteur".

• 11 fructidor an XIII (29 août 1805), Nantes : Deux employés de la maison des incurables de cette ville de Nantes déclarent le décès, survenu la veille au soir, de "Dame" Suzanne-Félicité DEVARENNES, âgée de 37 ans, native de la paroisse Saint-Louis de la ville de L'Orient, département du Morbihan, fille de feu sieur Jean-Noël Devarennes et de dame Marie-Alexise Bertaux, ses père et mère, épouse du sieur Joseph-Auguste Chef-de-Houx, professeur de langues.
Selon Mellinet, sa pierre tombale à Nantes la disait "organiste de deux églises à Rennes" [De la musique à Nantes, 1837, p. 119].

•••

• Son veuf, Joseph-Auguste Chefdehoux, devenu professeur de rhétorique au collège de Figeac [Lot], se remariera dans cette ville le 11 janvier 1813, soit sept ans et demi plus tard. Il est dit "licencié en droit, membre de l'Université Impériale et de plusieurs sociétés savantes". Son acte de remariage précise qu'il était né à Rennes le 9 mars 1757. Le décès de sa première épouse est mentionné dans l'acte à la date (légèrement erronée) du 13 fructidor XIII.

Mise à jour : 5 août 2023

Sources
F-Ad28/ BMS Chartres, Cathédrale ; F-Ad35/ 2G 245/201 ; F-Ad35/ 2G 245/204 ; F-Ad56/ BMS Lorient, St-Louis ; F-Am Nantes/ NMD ans IX et XI ; F-Am Rennes/ BMS Rennes, St-Melaine ; F-Am Rennes/ BMS Rennes, St-Pierre en St-Georges ; F-Am Rennes/ M Rennes ; F-Am Rennes/ NMD Rennes ; F-AmNantes/ D an XIII ; F-AmRennes/ 1D 1/8 ; F-AmRennes/ NMD an II ; M.-Cl. Mussat, "Les musiciens d'Église en Bretagne…", 2008

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