CHATELAIN, Pierre (1739-1824)

Pierre CHATELAIN naît et meurt à Angers. Il est "organiste et fabricant de bas" au service de l’ancien chapitre Saint-Julien réuni depuis 1696 au Séminaire d’Angers. CHATELAIN exerce en l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste-Saint-Julien pendant trente ans puis est organiste de la paroisse [constitutionnelle] Saint-Laud avant d’être engagé comme chantre à la cathédrale en 1802. Cette apparente stabilité masque néanmoins une vie familiale complexe avec deux mariages, des naissances sans interruption, une mortalité infantile élevée qui aboutissent en 1798 à un divorce. À suivre son parcours, l’homme n’en semble pas moins sociable, tissant des liens tant chez les musiciens qu’au sein de la communauté des fabricants  de bas ou encore chez les ecclésiastiques qui ne manquent pas de lui donner des signes de reconnaissance.

• 3 juin 1739, Angers : Pierre CHATELAIN, né de la veille, est baptisé paroisse Saint-Pierre, un acte des plus ternes sans mention des professions des uns ou des autres et sans signature. Ils sont tous angevins.

• La période de formation de Pierre CHATELAIN n'est pas renseignée bien qu'un apprentissage musical au sein de la collégiale Saint-Pierre soit vraisemblable.

• [1758-1761] : Le sieur CHATELAIN débute au service de l'église comme organiste, fonction qu'il exercera jusqu'en 1794.
 
• [Vers 1761], Angers : CHATELAIN est engagé par le "chapitre Saint-Julien" d'Angers comme organiste. La forme "chapitre" est désuète car le chapitre Saint-Julien, alias Saint Jean-Baptiste, a été uni au Séminaire d’Angers le 9 février 1696 par M. de Vaugiraud, 76^ème évêque d’Angers. L'acte n'a cependant pas d'incidence sur la tenue des offices ainsi que le précisent les Archives de Saint-Sulpice de 1735 : "on est toujours chargé d’acquitter les fondations et de réciter l’office canonial, de chanter chaque jour la grande messe et vêpres et tout l’office aux principales fêtes, de faire les enterrements..." Concrètement CHATELAIN joue de l'orgue dans l'église paroissiale Saint-Julien située à quelques rues du séminaire, les séminaristes assurant la partie cantorale.

• 23 juillet 1765, Angers : Pierre CHATELAIN, "fabricant de bas au métier, organiste de Saint-Julien", épouse en ladite église Perrine Védié de la paroisse Saint-Pierre. L'épouse est la belle-sœur de l'organiste Mathieu Maurice GABORY. Plusieurs musiciens sont venus entourer leur ami tels l'organiste François BAINVILLE, les psalteurs de la collégiale Saint-Laud LAUBERTY, ou de la cathédrale Guillaume PORTRAIT.
• 1766-1776, Angers : Le mariage suivi de sept naissances révèle quatre domiciles successifs de la famille Chatelain qui quitte la paroisse Saint-Julien pour s'installer sur celles de Sainte-Croix puis Saint-Michel-du-Tertre et enfin Saint-Maurille. Des sept filles seules survivent Perrine-Josèphe baptisée le 9 mai 1766 paroisse Sainte-Croix et Cécile-Anne-Félicité baptisée le 10 septembre 1769 à Saint-Michel-du-Tertre. Chaque baptême reprend les deux professions de Pierre CHATELAIN : "organiste et fabricant de bas au métier". Les autres enfants décèdent après quelques jours ou avant deux ans.

• 4 mars 1778, Angers : Perrine Védié est inhumée dans le cimetière de la paroisse Saint-Maurille. Elle a 44 ans. La signature de trois ecclésiastiques atteste de l'estime dont bénéficie Pierre CHATELAIN.

• 29 août 1780, Angers : Pierre CHATELAIN, 41 ans, se remarie paroisse Saint-Maurille avec Perrine-Marie Bresson, 24 ans, originaire des environs de La Flèche [Sarthe]. Perrine, 14 ans, fille aînée de CHATELAIN, est présente et signe. Il s'agit d'un mariage avec "dispense d'affinité du 2 au 4ème degré". La situation est urgente, car Rosalie-Marie-Jacquine-Renée est baptisée dès le 17 octobre paroisse Saint-Maurille. Si la corporation des fabricants de bas est fortement représentée, François PAUTRAT chantre, serpent et également sacriste de l'abbaye Saint-Aubin assiste Pierre CHATELAIN.
Ce second mariage est suivi de six naissances entre 1780 et 1790 avant l'ultime en 1799. Perrine Chatelain fille aînée de Pierre CHATELAIN est marraine de Rosalie-Marie baptisée le 17 octobre 1780 paroisse Saint-Maurille. Ensuite la famille s'installe tour à tour sur les paroisses Saint-Laud et Saint-Denis. L'absence d'enfants ces neuf dernières années privilégie une information lacunaire tout comme le peu de décès enregistrés. Seuls deux ont été détectés. Pierre-Jean-Baptiste baptisé le 26 mars 1786 en la paroisse Saint-Denis, placé en nourrice dans un village angevin, décède à deux mois. Le second décès est concomitant avec le divorce de Pierre CHATELAIN en 1799.

• 1790, Angers : Toujours organiste de l'ex-chapitre Saint-Julien d'Angers rattaché au Séminaire, Pierre CHATELAIN déclare avoir trente ans de service. Ses appointements sont de 400 livres par an. La structure du séminaire fait que CHATELAIN est le seul musicien à être appointé. Les officiers de chœur au nombre de huit sont des séminaristes. Le rapport émis par la maison mère de Saint-Sulpice précise que "Les chantres destinés particulièrement pour aider aux offices font en même temps leur séminaire ; mais les enterrements qu’il faut faire, les offices de morts, obits et anniversaires qu’il faut chanter, les détournent tellement de leur étude et des exercices qu’ils sont souvent des semaines entières sans assister aux conférences d’étude".

• 5 février 1791, Angers : Le district d'Angers propose de lui accorder une pension de 250 livres, portée à 300 lt par le département. Il est âgé de 55 ans. Il a "une femme, 5 enfants et il est infirme".

• 1792, Angers: Les musiciens de la nouvelle paroisse Saint-Laud étaient pour la plupart au service de l’ex-collégiale : Pierre CHATELAIN est l’organiste et Jean SOULARD Père, serpent. Puis Julien DAUVESSE, Pierre BERANGER, René FERRON, Pierre LOFFICIAL, Jean-Baptiste TERRIEN, TRELUYER. Les enfants de chœur sont au nombre de trois : AUBIN, GORDON et ROGER.

• An III (1794-1795) : Pierre CHATELAIN retrouve sa pension initiale d'organiste du Séminaire ou de Saint-Julien les deux dénominations étant admises, soit 400 livres annuelles, payables en quatre fois.

• 9 Ventôse An II [27 février 1794], Angers : Pierre CHATELAIN est invité au mariage de Julien DAUVESSE ancien psalteur de Saint-Laud devenu commis au département.

• 9 Floréal An II [28 avril 1794], Angers : Pierre CHATELAIN devenu commis au district et Antoine PARMENTIER, ancien basse-contre du chapitre de la cathédrale reconverti en tisserand, déclarent le décès de leur confrère et ami François GUIMONT "chantre au ci-devant chapitre de Saint-Maurille".
• 1794, Angers : À partir de 1794 CHATELAIN est commis au district, profession pour laquelle il est rémunéré. Il cumule donc trois revenus puisqu'il est toujours fabricant de bas.

• 21 Frimaire An VII [11 décembre 1798], Angers : Pierre CHATELAIN fabricant de bas et Perrine-Marie Bresson demandent la dissolution de leur mariage par consentement mutuel. Les domiciles sont différents, CHATELAIN demeure rue des Angles, Perrine Bresson Place du Ralliement.

• 13 Nivôse An VII [2 janvier 1799], Angers : Marie Rabin sage-femme de l'hospice des enfants déclare la naissance d'une petite Rosalie en la maison commune, fille de Perrine-Marie Bresson, mariée à Pierre CHATELAIN fabricant de bas dont elle est divorcée. La petite ne survit que quelques jours et meurt le  21 Nivôse suivant [10 janvier].

• 7 Messidor An X [26 juin 1802], Angers : Selon le chanoine Poirier, le nouvel effectif musical de la cathédrale est alors constitué de LEGAY, QUILLET, SOUPLY, PARMENTIER, BERARD qui exerçaient à Saint-Maurice. Les chantres des anciennes collégiales tels BELLANGER, GEINDREAU, VERGER ou l’ancien organiste de Saint-Julien CHATELAIN recruté comme chantre. Jean-Clément POIDEVIN intervient comme organiste puis maître de musique. L’origine des chantres oriente vers la reprise du chant au lutrin, le plain-chant traditionnel.
Lorsque CHATELAIN est réembauché comme psalteur à la cathédrale, il reçoit le 11 janvier 1803 la somme de 48 livres pour "former ses habillemens de chœur". Il est appointé 33,10 livres par trimestre en 1803, puis 70 livres par an.

• 1807, Angers : Ses gages s'élèvent à 120 livres par an.

• Décembre 1814, Angers : CHATELAIN, 75 ans, quitte le service de l'Église.

• Jusqu'en 1819, Angers : Il reçoit une retraite de 12 livres par an. Les versements s'arrêtent pour une raison inconnue.

• 28 mai 1824, Angers : Pierre CHATELAIN ayant atteint l'âge honorable de 85 ans, s'éteint à son domicile. Son acte de décès rappelle qu'il était organiste pensionné de Saint-Julien et ancien chantre, veuf de deux épouses.

Mise à jour : 18 juin 2019