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BERTRAND, Jean François (1748-1827)
État civil
NOM : BERTRAND     Prénom(s) : Jean François     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : Jean
Date(s) : 1748-5-30  / 1827-5-23 
Notes biographiques

Jean-François BERTRAND – souvent prénommé seulement Jean – est petit-fils, fils, neveu et frère d'organistes et / ou de facteurs d'orgues. Né à Vitré, il ne s'en éloigne guère et mène une modeste carrière d'organiste successivement dans deux collégiales voisines, Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux et Notre-Dame de La Guerche, tandis que sa sœur aînée, elle, est partie exercer en Anjou. À la Révolution, on le retrouve instituteur dans une commune proche de La Guerche.

• 30 mai 1748, Vitré : Lors naît Jean-François BERTRAND, sur la paroisse Notre-Dame où il est baptisé le même jour, son père, François-Étienne BERTRAND est dit "honorable homme", de même que son parrain, un oncle "au troisième degré du coté paternel". Sa marraine, dlle Françoise Pottier, est une sœur de sa mère, dlle Jeanne-Marie Pottier. Neuf personnes signent l'acte de baptême, parmi lesquelles son père et son grand-père, le facteur d'orgue et organiste Jean BERTRAND, parfois dit Saint-Jean.
Dix ans plus tôt ses parents avaient donné le jour à leur fille aînée, Jeanne-Marie, qui deviendra elle aussi organiste. Entre temps sont nés d'autres enfants que la mort emporte jeunes.

• 11 avril 1752, Vitré : "Décédé d'avant hier", son père, le sieur François[-Étienne] BERTRAND, âgé de 34 ans, est inhumé dans le cimetière de la paroisse Notre-Dame. Jean-François a quatre ans.
Durant son enfance, jusqu'en 1761, son oncle, Joseph-Marie BERTRAND, est prêtre et organiste de Notre-Dame de Vitré. Peut-être est-ce avec lui que le jeune garçon a pour la première fois approché l'orgue.

• 27 octobre 1763, Champeaux : Quatre jours après le décès précoce de son oncle Joseph-Marie, qui depuis 1761 était à la fois maître de psallette et organiste de Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux, le chapitre de cette collégiale reçoit son grand-père Jean BERTRAND pour organiste. La formulation du registre capitulaire suggère que c'est lui, le grand-père, qui a présenté sa candidature ("qui a demandé au chapitre l’exercice de l’orgue dont jouissoit feu Mr BERTRAND son fils"). Peut-être, à 76 ans, Jean BERTRAND souhaite-t-il conserver le poste dans la famille, en vue d'en faire bénéficier l'un de ses petits-enfants, Jeanne-Marie ou Jean-François ?
On peut imaginer que le jeune garçon – il a quinze ans – suit alors son grand-père et quitte Vitré pour s'installer avec lui dans le "louage convenable, aux maisons dudit cloître" fourni par le chapitre. À moins qu'il ne reste à Vitré et ne vive avec sa sœur aînée "boulevard de la porte d’en-haut" adresse où résidait précédemment leur grand-père et où “la demoiselle Bertrand, organiste de la Madeleine” est capitée pour la première fois en 1763. À moins encore – troisième hypothèse – qu'il ne termine alors son temps d'enfant de chœur à la psallette de la collégiale de Vitré, dont les délibérations sont perdues.

• [1766] : Sa sœur Jeanne-Marie, jusqu'alors organiste à Vitré, quitte la Bretagne pour l'Anjou où elle va toucher l'orgue des franciscaines du Buron d'Azé, près de Château-Gontier (et où elle se marie peu après). À partir de là, la probabilité que Jean-François vive à Champeaux se renforce. Il a 18 ans et est probablement sorti de la psallette, si toutefois il y a été éduqué, ce qui reste une hypothèse parmi d'autres (une formation musicale au sein de la famille est possible aussi).

• 2 mars 1767, Champeaux : Son grand-père, "organiste et facteur d’orgue", comparaît à nouveau en chapitre. Il expose aux chanoines assemblés "qu’ayant instruit et fait instruire son petit-fils", et "vu son grand âge et ses infirmités", il souhaite que ce petit-fils le remplace à l'orgue. Sans doute pour rassurer le chapitre, le grand-père "promet de continuer les mêmes soins pour l’orgue en qualité de facteur"...
Jean-François "a monté dans l’orgue et l’a touché", audition qui semble ne satisfaire qu'à moitié les chanoines : ils acceptent de recevoir "ledit sieur Jean BERTRAND petit-fils pour organiste" mais précisent que c'est "pour obliger ledit sieur Jean BERTRAND père" et à la condition que le petit-fils continuera de s’instruire, que l'aïeul touchera l'orgue "pour luy en cas d’absence" et continuera à prodiguer ses soins à l’orgue comme facteur. Le secrétaire capitulaire note même noir sur blanc que le "petit-fils ne touchera point" aux "jeux d’anches dudit orgue". Les deux hommes signent côte à côte la délibération "Jean Bertrand" et "Jean Bertrand fils" [sic]. Jean-François a alors 19 ans.
Outre l'orgue, il est également chargé d'enseigner le plain-chant aux trois enfants de chœur, tâche qui à Champeaux est dévolue à l'organiste et non au maître de psallette, aussi curieux que cela puisse paraître.
 • 18 décembre 1767, Vitré : Son grand-père, le sieur Jean BERTRAND, s'éteint à l'âge d'environ 80 ans. Le surlendemain, Jean-François assiste à son inhumation dans le cimetière de Saint-Martin.
Jean-François reste alors organiste et maître de plain chant de la collégiale de Champeaux durant une année.

• 16 décembre 1768, La Guerche : "Jan" BERTRAND, organiste à Champeaux, est venu à La Guerche (une petite trentaine de km au sud) pour solliciter la place d'organiste à la collégiale Notre-Dame, qui est alors occupée par Pierre-François DELANOIX.
"Le chapitre considérant que La Noix n'est en état de toucher qu'un peu le plein chant, que par la pesanteur de sa main il gâte le dit orgue et n'étant pas en état de le bien accorder, que le dit orgue est très dérangé, et les tuyaux corrompus et plusieurs mutilés parce que le dit La Noix n'est aucunement en l'état d'y remédier". Or Jean-François Bertrand, lui, par son milieu familial, a un certain bagage de facteur d'orgues, ce à quoi fait sans doute référence la phrase du registre capitulaire qui dit le chapitre "informé des talents du dit Bertrand". Aussi le chapitre annonce-t-il à DELANOIX, le jour même, "qu'il n'entendait plus se servir de luy pour organiste" et nomme-t-il "d'une voix unanime" Jean-François BERTRAND au poste d'organiste, à partir du 1er janvier 1769.
Ainsi le registre capitulaire confirme-t-il ce qu'explique la municipalité de La Guerche, le 20 août 1792, en réponse à une demande de précision du Directoire de District : "Il est de notoriété publique que Bertrand a été reçu organiste de La Guerche en 1769".
À Champeaux, pour remplacer Jean-François BERTRAND, le chapitre collégial reçoit pour organiste, le 27 janvier 1769, le dénommé Jean POUILLARD lequel, le 9 août 1771, sera remplacé par… Pierre-François DELANOIX !

• Juin 1776, La Guerche : Le chapitre de la collégiale Notre-Dame recommande à son organiste d'apporter plus d'attention au nettoiement et rappropriement de l'orgue, de "le toucher sans airs dissolus" et on lui défend "d'introduire aucun corps étranger qui puisse corrompre les mouvements des claviers". À part cette brève expression de mécontentement, le chapitre et l'organiste semblent cohabiter en bonne intelligence et Jean-François BERTRAND se stabilise à La Guerche.

• 20 novembre 1781, Rannée : Dans cette bourgade située à un peu plus de deux kilomètres au sud du bourg de La Guerche (et qui est le siège de la paroisse jusqu'en 1791), est célébré le mariage de Me Jean-François BERTRAND, "de la ville de Vitré, paroisse de Notre-Dame", et de la Dlle Louise Brindeau. Aucun métier ni état n'est indiqué. Chacun des mariés est orphelin de père, leurs mères sont vivantes et consentantes, celle de la mariée est présente.

• 12 septembre 1782, La Guerche : Moins de dix mois après le mariage, un premier fils naît à La Guerche, Joseph-Louis. Il est baptisé le lendemain dans l'église paroissiale de Rannée. Sa marraine est sa grand-mère paternelle, delle Jeanne-Marie Pottier, qui signe. Les parents de l'enfant sont qualifiés d'"honorables personnes" et le parrain, Louis Denis, d'"honorable homme".

• 12 mars 1786, Vitré : Sa mère, Marie-Jeanne Pottier, meurt à Vitré. Jean-François n'est pas mentionné, ni signataire de l'acte de sépulture le lendemain.

1790, La Guerche : Jean-François BERTRAND est toujours organiste de la collégiale Notre-Dame de La Guerche. Depuis 1769, "il n’a pas discontinué de l’être jusqu’au 1er janvier 1791" certifie la Municipalité. Il y reçoit un traitement de 218 livres par an, chiffre plusieurs fois avancé. En réalité son traitement semble être de 200 livres et 18 livres sont versées à Pierre Lorier, souffleur d’orgues. Le chapitre rémunère aussi un sacristain, Jacques Bouin (payé 153 livres), un massier, René Gérard (24 livres seulement), et quatre enfants de chœur : Pierre MORAND, Madelon DUPONT, Pierre FRÉMONT et François SALIOT qui reçoivent chacun la faible somme de 9 livres par an.

• 1791, La Guerche : La Municipalité atteste également le 20 août 1792 que Jean-François BERTRAND "est conservé organiste de la paroisse qui a été établie en l’église collégialle de cette ville, mais à des gages bien inférieurs à ceux dont il jouissoit, la fabrique n’étant pas assez riche pour les porter à un taux capable de faire subsister ledit sieur BERTRAND". Le montant de ces gages paroissiaux s'élève à 120 livres seulement.

• 22 septembre 1792, La Guerche : Le district de La Guerche transmet à l'administration départementale une requête [non retrouvée] "du Sr Jean François BERTRAND, par laquelle il demande que conformément à l’article 4 de la loi du 1er juillet dernier il lui soit accordé une pension de 109 livres faisant moitié de la somme de 218 livres que le chapitre de La Guerche lui comptoit annuellement pour ses gages". À cette période, il est toujours organiste de la paroisse de La Guerche (cf. attestation municipale du 20 août 1792). Le district, après examen du dossier, se déclare "d’avis qu’il soit accordé au Sr BERTRAND une pension de 66 livres 13 sous 4 deniers, cette somme faisant le tiers de celle qu’il recevait annuellement du cy-devant Chapitre de La Guerche".
• 20 novembre 1792 : Le Directoire départemental refuse d'accorder toute pension à Jean-François BERTRAND, au motif qu'il a accepté un emploi public en continuant d’être organiste de l’église paroissiale de La Guerche, même s'il reconnaît que c'est "avec des émoluments moindres à la vérité".

• [À une date qui reste à préciser, peut-être au moment de la suspension du culte qui supprime les gages de l'organiste paroissial de La Guerche ?], les époux Bertrand-Brindeau s'installent au village de Visseiche, à 6 kilomètres à l'ouest de La Guerche, où ils sont logés à l'ancien presbytère (qui sert sans doute de maison d'école).

• 10 thermidor an VIII (28 juillet 1800), Visseiche : "Aux neuf heures du matin" naît la petite Joséphine-Louise, "fille de Jean-François BERTRAND, instituteur à Visseiche, et de Louise Brindeau son épouse, ensemble demeurant au cy devant presbytère de Visseiche". Les deux témoins qui le lendemain assistent à l'établissement de l'acte de naissance sont Louis Denis et Marie-Jeanne Percel son épouse, qui sont venus de La Guerche. Il s'agit vraisemblablement de l'"honorable homme" qui avait été parrain du fils aîné en 1782.
Il est intéressant de retrouver ici Jean-François BERTRAND instituteur. S'agit-il d'une reconversion ou bien était-il déjà plus ou moins maître d'école en même temps qu'organiste auparavant ? La question reste posée…

• [À une date qui reste à affiner], les époux Bertrand-Brindeau s'installent à Domalain, localité peuplée d'environ 2 700 habitants, située à quelque huit kilomètres au nord de La Guerche-de-Bretagne, et à seize kilomètres au sud de Vitré. Il emménagent plus précisément au lieu-dit "Carcraon".

• 12 mai 1820, Domalain : Louise Brindeau, "épouse de Jean-François BERTRAND", décède à l'âge de 58 ans, "à Carcraon en cette commune". Aucune indication n'est perceptible sur ce qu'était alors le statut professionnel de la défunte et de son mari.

• 24 août 1824, Domalain : Jean-François BERTRAND est dit "organiste" et "domicilié à Domalain" lorsqu'il assiste au mariage de sa fille Joséphine-Louise, 23 ans, avec Jean-Marie-Joseph Pivert, un laboureur de 21 ans.

• 24 mai 1827, Domalain : Deux laboureurs déclarent le décès, survenu la veille au matin "à Carcraon en cette commune", de "M. Jean-François BERTRAND, organiste, âgé de 83 ans, veuf de Louise Brindeau, natif de Champeaux, fils de feux Jean BERTRAND et Marie Pottier". La mention "natif de Champeaux" est tout à fait erronée.

• • • Bibliographie :
       Jean Quéniart, "De modestes institutions : les Psallettes de collégiales dans le diocèse de Rennes au XVIIIe siècle", Musique en Bretagne, Images et Pratiques, Hommage à Marie-Claire Mussat, PUR, 2003, p.43-56.
       Sylvie Granger, « Deux Organistes aux destins voisins : Marie-Claude Renault-Bainville (1724-1803) & Jeanne-Marie Bertrand-Jannot (1738-1804) », Annales Historiques de la Révolution française, 2011, n°4, p. 3-27.

Mise à jour : 5 janvier 2020

Sources
F-Ad35/ 1 G 462-1 ; F-Ad35/ 1G 433-1 ; F-Ad35/ BMS Rannée ; F-Ad35/ BMS Visseiche ; F-Ad35/ BMS Vitré, Notre-Dame ; F-Ad35/ L 1049 ; F-Ad35/ NMD Domalain ; J.Quéniart, "De modestes institutions…", Musique en Bretagne…, 2003 ; S.Granger, "Deux organistes aux destins voisins…", AHRF, 2011

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